De Zermatt à Saint-Moritz en passant par Courchevel, les chalets qui jalonnent les stations d’altitude ont souvent tendance à partager les mêmes codes. Poutres apparentes, cheminée en pierre, textiles cosy et imprimés désuets but chic : le décor de l’après-ski a son imaginaire bien établi. Amélie Vermersch, elle, s’est autorisé un pas de côté stylistique. Du côté d’Avoriaz, elle a choisi de réinterpréter un appartement centenaire dans un style bien contemporain.
À y regarder de plus près, on s’aperçoit que la base est là. Tissus réconfortants : check. Revêtements naturels (pierre et bois) : check. Pourtant, il flotte dans cet appartement une aura mystérieuse servie par des volumes modelés tout en rondeur et ce rouge théâtral qui fait office de fil d’Ariane.
Un hommage au cinéma de Lynch ?
Dans l’un des plus vieux immeubles d’Avoriaz, Amélie Vermersch semble s’être inspirée de la série de Mark Frost et David Lynch Twin Peaks pour faire de cette résidence secondaire un véritable objet cinématographique. Les références y sont nombreuses. Le rideau rouge de théâtre, scénographie principale de la Black Lodge. Les petites sources de lumière sphériques et blanches, qui pourraient faire un clin d’œil à l’Arbre-cerveau, ou encore aux sommets enneigés des fameux Twin Peaks (« pics jumeaux »)…
Mais c’est aussi son univers néo-nétro, traduit par des encadrements de porte en forme d’arches, un total-look de marbre grisé dans la cuisine et un mobilier savamment choisi dans les catalogues vintage, qui nous donne envie de croire que cet appartement a été écrit et réalisé à la façon d’un scénario lynchien.
Avec Amélie Vermersch, less is more
Tout le talent de l’architecte d’intérieur s’illustre dans son agilité à mixer les matières et à souligner les contrastes. Pierre, velours mais aussi bois et liège se côtoient dans cet appartement d’altitude. La cuisine souffle le froid, avec son cadre rocailleux, qui contraste la chaleur de la pièce à vivre adjacente, bordée de rideaux rouges. Dans la salle de bains, autre exemple de dualité. La blancheur immaculée des murs et de la vasque se retrouve incisée de liserés de charbon qui réveillent l’espace, et font par la même occasion office de seule décoration dans la pièce.
Comme, d’ailleurs, dans l’ensemble de cette réalisation, les textures et les couleurs jouent les premiers rôles. Amélie Vermersch signe à Avoriaz une scène dépouillée, pourtant bien éloignée du minimaliste, qui renouvelle l’esthétique résidentielle des stations de sports d’hiver.