La construction du château de Hollenegg a commencé au XIIe siècle dans le Sud de l’Autriche, près de la frontière slovène, avant que ses propriétaires successifs lui adjoignent des éléments architecturaux Renaissance et Baroque, gothiques et rococo. Depuis 2015, il est toutefois sorti de son rôle patrimonial pour épouser une vocation plus contemporaine : accompagner le parcours des jeunes designers les plus innovants du XXIe siècle. Sous l’impulsion de la curatrice italienne Alice Stori Lichtenstein, le Schloss Hollenegg organise des résidences de designers, des ateliers, des conférences et des expositions. Ces dernières permettent aux futurs stars de la discipline de montrer au public leurs dernières recherches dans un cadre majestueux, au cœur de la Styrie.
Pour cause de crise sanitaire globale, la dernière exposition se visite en ligne et en 3D. Baptisée « Walden », elle fait évidemment au chef-d’œuvre de l’écrivain américain Henry David Thoreau (1817-1862), véritable hymne à la Nature et aux relations que l’Homme devrait entretenir avec elle. Avec cet accrochage, Alice Stori Lichtenstein veut inciter les humains à « ne plus se considérer comme les maîtres de la planète et ne plus envisager la Nature comme une ressource dans laquelle ils peuvent se servir sans réfléchir ». Elle a donc convoqué 20 designers qui, dans leur travail, esquissent une nouvelle relation avec les matériaux, le recyclage, les usages, et plus largement nous font prendre conscience de notre relation dysfonctionnelle avec la Nature. Les projets se penchent sur les matériaux éco-responsables, l’autonomie énergétique…
Parmi la liste des participants, figurent Linda Freya, designer belge de l’année 2020, l’architecte et designer française Sophie Dries, les Autrichiens Mischler’traxler ainsi que la Française Marlène Huissoud. Le travail de cette dernière entre particulièrement en résonance avec l’exposition Walden puisqu’il se concentre sur la façon dont les insectes – des vers à soie indiens aux abeilles – peuvent nous aider à fabriquer des objets usuels. Elle présente au Shloss Hollenegg un tapis en laine baptisé Swarms réalisé avec cc-tapis dont les mouvements sont inspirés par ceux des insectes afin de sensibiliser les visiteurs à leur disparition. Cet objet monumental répond à la chaise de Jonas Edvard, entièrement constituée d’un champignon d’huîtres dont il a guidé la croissance à travers des fibres de chanvre.
Dans un autre registre, Klemens Schillinger propose une lampe de chevet alimentée par une dynamo à manivelle pour ne plus dépendre du réseau électrique. « Il est grand temps de ramener la Nature dans notre vie quotidienne. Pas la version romantique, proprette et domestiquée, mais celle brute et sauvage. Tout ce qu’on entend sur la crise environnementale offre des informations contradictoires et ambigues, cela a été politisé à tort et induit souvent de la culpabilité sans offrir de solutions. Du coup, les gens procrastinent, en attendant une solution miraculeuse… Nous devons adopter la nature dans ce qu’elle a de sauvage de façon à vivre dans la simplicité chère à Thoreau. »
> L’exposition Walden est visitable sur le site du Schloss Hollenegg.
> Les pièces de cette exposition virtuelle sont mises en vente par la galerie Adorno.