Reconnu « Entreprise du patrimoine vivant » depuis 2006 et membre des Ateliers d’Art de France, le tisseur basque Atelier Moutet fête en 2019 ses cent années d’existence. Jeudi dernier, IDEAT a pu découvrir la collection anniversaire développée avec Matali Crasset. Pour ce sémillant centenaire, la designer, qui collabore autant avec Hermès que Carrefour, s’est immergée dans les archives de la maison. « J’ai pu travailler sans contraintes, nous a-t-elle confié. Et j’ai fait le choix de mettre en avant la force et la lignée du linge basque. » Une collaboration qui s’est étalée sur une année afin de donner vie à cette collection composée de dix produits.
Après un long travail d’exploration des archives, Matali Crasset a proposé de rendre hommage au Pays basque en mettant en avant l’imaginaire de ses trois provinces situés dans la partie française à travers ses emblèmes et armoiries. « Nous sommes tombés sur une étiquette des années 50 très graphique, ce fût le point de départ du projet de torchons. » Biscaye, Navarre et Guipuzcoa naissent tour à tour en jouant sur différents traitements de tissages et de couleurs qui redonnent vie aux motifs ancestraux de la maison.
La collection « Colonne sans fin » se base quant à elle sur les intemporels torchons à rayures pour symboliser les sept provinces basques. En ajoutant une certaine vibration dans les lignes, ce nouveau motif réinterprète la trame Moutet, ancrée dans la tradition basque. Matali Crasset délaisse ainsi le rectiligne pour une trame plus énergique et contemporaine qui se décline à travers des serviettes, une nappe, des torchons et un tote-bag modernes et colorés.
La collection baptisée « Flag » fait écho à la vision du Sud-Ouest de Matali Crasset. Une approche très organique et végétale traduit des éléments naturels emblématiques de la région : les montagnes, les forêts et les mains de ses habitants. Les torchons, eux, reprennent plusieurs symboles de l’Histoire du pays basque : les chaînes en forme de marelle rappellent la sanglante victoire de Las Navas de Tolosa, l’arbre celui du massacre de Guernica et les loups les rois de Biscaye.
Ce centenaire est aussi l’occasion pour Benjamin Moutet, dirigeant issu de la cinquième génération, d’affirmer son projet de réintroduire la culture du lin dans la région afin de tisser un vrai matériau local : « Le lin est cultivé aujourd’hui soit pour sa graine (destinée à l’alimentation animale), soit pour sa fibre (pour le textile). Ce sont deux cultures différentes. Notre objectif est de trouver comment valoriser cette filière, en utilisant simultanément les deux parties de la plante et ainsi dégager une double source de revenus pour les agriculteurs. »