Oki Sato, le fondateur et la tête pensante du studio Nendo, est un des designers les plus sollicités de la planète. Après avoir joué les stars au dernier salon de Milan, le créateur japonais a encore éclaboussé de son talent la foire Art Basel. Présent à Bâle dans la section réservée au design (baptisée Design Miami…), Oki Sato y montrait une collection complète de dix-huit meubles en métal – chacun fabriqué en trois exemplaires seulement… – réalisés pour la galerie new-yorkaise Friedman Benda.
L’idée centrale de sa « Watercolour Collection » est de s’inspirer du rendu de l’aquarelle sur papier. Le studio Nendo a donc créé des pièces variées à la géométrie complexe qui semblent avoir été peintes puis coupées au ciseau et pliées. Pour obtenir cet effet bluffant, il a fallu en passer par une longue phase de développement sur le matériau : l’acier est sablé à plusieurs reprises puis recouvert d’un apprêt avant de recevoir la peinture mate. Cette phase fut sans doute la plus laborieuse car chaque pièce a dû être minutieusement peinte à la main pour maximiser l’effet trompe l’œil. De fait, on a vraiment l’impression d’être en présence de mobilier en papier imprégné de peinture à l’eau.
Toujours tourné vers l’expérimentation, Nendo s’est appliqué à créer des dégradés, des superpositions de couches de peinture de différentes densités, des taches et des halos qui confèrent à cette collection son allure singulière. Pour ce faire, les peintres ont dû travailler zone par zone, en tamponnant constamment le surplus de pigments avec de la pâte à papier.
Mais le travail d’Oki Sato a aussi porté sur la forme. Les 18 pièces de mobilier de la Watercolour Collection se font aériennes grâce aux piètements graciles qui s’étendent en hauteur, donnent un rythme vertical et participent à la confusion sur les typologies : les tables basses se transforment en étagères, les chaises mutent en consoles… Une collection magistrale qui démontre que Nendo est aussi pertinent dans le mobilier quotidien que dans la prospective poétique…