Qu’apporte la photo dans un intérieur, par rapport à d’autres modes d’expression artistique ?
Pierre Yovanovitch : Dans un projet, elle doit avant tout dialoguer avec ce qui l’entoure. Certaines sont si puissantes qu’elles risquent d’écraser tout ce qui se trouve à proximité. L’essentiel est donc de découvrir le juste équilibre, une forme d’harmonie afin que se crée un échange entre l’architecture et les pièces choisies.
Quel style de photos demandent vos clients lorsque vous en sélectionnez pour eux ?
Ils nous font confiance. Une photo doit avoir une portée en soi, une certaine force, et ne pas simplement s’inscrire dans un projet de décoration.
Faites-vous appel parfois à des sociétés spécialisées dans le placement d’œuvres d’art dans vos chantiers ?
Non, mes clients me choisissent pour mon œil et pour la singularité de mes propositions.
Achetez-vous des photos à titre personnel ?
Oui, et je recherche avant tout la rareté, l’originalité, l’avant-garde, le côté précurseur.
La plus belle photo selon vous ?
Rhein II, d’Andreas Gursky, pour son côté graphique et minimal, pour sa pureté.
Un ou une photographe que vous aimez tout particulièrement ?
Karl Blossfeldt pour son travail autour des végétaux et de l’ornementation. Un visionnaire dans ce domaine, qui a inspiré des artistes comme Robert Mapplethorpe. Et puis John Coplans, qui a photographié son corps sans fioriture, en le découpant en sections, des pieds jusqu’à ses mains ridées. Une perception crue du corps nu et vieillissant.
Vous êtes plutôt noir et blanc ou couleur ?
Les deux.
Et si vous échangiez votre blouse d’architecte contre celle de photographe ?
Mon œil tendrait naturellement vers l’architecture.
Fréquentez-vous les foires et les salons consacrés à la photo ?
Oui, bien sûr. Les meilleurs sont Paris Photo et l’AIPAD à New York. Je me rends également régulièrement dans des galeries comme la Yossi Milo Gallery à New York.