Un fort impact humain avec une empreinte écologique minimale.
Tel est le grand pas que vient de franchir camif.fr, le fabricant de meubles et déco pour la maison, devenu en 2017 une des premières entreprises à mission en France. Soit, selon le PDG de la Camif Émery Jacquillat : « […] Mobiliser notre écosystème, collaborer et agir pour inventer de nouveaux modèles de consommation, de production et d’organisation. » Afin de concrétiser cette innovation, la marque a mobilisé l’intelligence collective. Imaginez un brainstorming débridé, rassemblant consommateurs, experts de l’économie circulaire, fabricants français et designers, pour relever six défis : concevoir des produits co-créés ; privilégier le local en travaillant avec des fabricants français et en privilégiant les circuits courts ; proposer des produits aux composants bons pour la santé ; préserver l’environnement grâce à des matériaux sélectionnés rigoureusement ; être transparent sur la fabrication et même sur les prix ; soutenir la biodiversité aussi, grâce au programme 1 % de Camif EDITION.
Inédite, l’aventure a tenu ses promesses ! De ce creuset créatif est notamment sorti le buffet Hervé & Gaël, auréolé d’une cheminée qui n’a rien de fumeux : taillée pour accueillir un vase, elle embrase l’utopie d’un monde plus vert, plus vertueux, plus désirable. Sur sa ligne claire à modules multiples, la possibilité du végétal fertilise une écoconception manufacturée à taille humaine, qui a été finalisée après seulement six mois de prototypage. Pour rendre hommage à ce tour de force tout en agilité, chaque produit est baptisé du petit nom des co-créateurs. Alias, ici, Hervé de Boisanger et Gaël Manes.
De Tahiti à l’Anjou, interview planée pour un horizon planant.
Icône ou profil bas ?
Gaël Manes, designer : Profil bien haut, à tous les niveaux ! En appelant à l’éclosion d’usines sans fumée, la cheminée / vase que j’ai conçue interpelle sur un monde moins pollué et polluant. Accompagnant une montée en gamme, cette collaboration montre aussi qu’en France, avec les bonnes personnes, on est capable de produire du mobilier design au même prix que les Scandinaves. L’impact est démonstratif, positivement.
Hervé de Boisanger, fabricant : Sciemment non créateur ou agenceur, j’éprouve une satisfaction presque égoïste à être un travailleur de l’ombre. Nos fabrications, elles, sont sur le devant de la scène. C’est la seule empreinte que je souhaite laisser.
Le beau ou l’utile ?
Gaël : Paradoxalement, peut-être, je favorise pour ma part l’utile : dans mon design, j’ai toujours pour habitude d’aller à l’essentiel. Le beau est un critère supplémentaire.
Hervé : Bien que je ne sois pas très sensible à l’art pour l’art, je mets toujours la forme au service du fond. C’est ainsi que je traduis l’expertise de mon entreprise Brut de Bois, qui est spécialisée dans l’usinage de bois massif. C’est ainsi en chêne massif français que nous avons mis en valeur le design original proposé par Gaël.
Talent ou labeur ?
Gaël : Le talent, les talents : nous en avons tous un en nous ; reste qu’il faut trouver quelque chose qui donne envie de l’exploiter, en effet ! C’est une question de vision globale.
Hervé : Un doux mélange… Si le talent est nécessaire, je crois foncièrement qu’il naît du travail. Et pour le mettre en œuvre, il faut du travail : nous en apportons la preuve par l’exemple !
Feu de tout bois ou marche sur du velours ?
Gaël : Je suis plutôt tous azimuts. Dans mon métier de designer, pour commencer, j’ai l’ingéniosité de savoir déceler chez les gens leur capacité à aimer quelque chose. Cela s’est formalisé par le buffet déstructuré Falling Box ou la console Less, sous la marque Minimalist Editions. Depuis janvier 2018 à Moorea, je poursuis un dessein plus philanthropique à travers ma fondation Kaly&Joy, qui promeut les filières artisanales, le tourisme écoresponsable, la valorisation des déchets… En gérant une vingtaine de projets avec des gens différents, où qu’ils soient, je favorise des modèles vertueux pour l’homme et la planète, privilégiant une agilité horizontale. Tous ces talents sont des étoiles et je dessine des constellations !
Hervé : « Le massif dans tous ses états » est la devise de mon entreprise Brut de bois ! Attention, sous réserve que la matière première provienne de forêts bien gérées. Je ne cherche pas la croissance à tout prix. Pas à pas, notre aventure se construit solidement, dans le respect de mes équipes et des hommes plus largement : c’est ainsi que je me sens à ma place dans la chaîne de valeurs.
Nuit ou jour ?
Gaël : Je suis un oiseau de nuit, ce qui me permet de travailler en phase avec la France depuis la Polynésie : voilà un an que je suis revenu dans mon archipel natal, où je puise mon inspiration primaire.
Hervé : Je suis du matin par devoir, histoire de mettre en musique les vingt salariés de ma petite entreprise. J’aime m’intéresser aux projets des autres, à leur complémentarité. On le voit dans cette collaboration : le designer et le fabricant ont besoin l’un de l’autre.
Chaud ou froid ?
Gaël : J’ai grandi sous le soleil, qui est mon énergie renouvelable. Il a d’ailleurs sa place dans les projets hôteliers durables que je suis en train de développer.
Hervé : Tempéré peut-être, car j’aime avoir à me couvrir ou profiter d’un bon feu de cheminée pour être à bonne température… Surtout pas tiède, en tout cas !
Été ou hiver ?
Gaël : J’aime bien aller me refroidir les neurones à la montagne. Par ailleurs, sensible au réchauffement climatique, la fonte des glaces m’inspire. Créé avec le marbrier Maillard&Maillard, mon bougeoir C21 invite ainsi à prendre conscience des problématiques environnementales.
Hervé : Entre vacances estivales et challenges à relever, mon cœur balance !
Vinyle ou MP3 ?
Gaël : A 30 ans tout juste, le son numérique a toujours charmé mon oreille. La technologie au service de l’homme, ça m’intéresse.
Hervé : Le microsillon est clairement de ma génération. Je suis attaché aux choses au point d’être collectionneur dans l’âme. J’aime d’ailleurs le concret : loin d’une activité tertiaire, j’ai besoin de travailler la matière et je préfère les investissements responsables au zapping consumériste.
Sucré ou salé ?
Gaël : Je penche pour la gourmandise, jusqu’au bout !
Hervé : Je ne suis pas dessert car j’ai besoin de plus consistant, durablement, pour me nourrir !