Créée en 2009 par Tony Zhang, Zens était au départ une entreprise chinoise spécialisée dans les objets en porcelaine liés au rituel du thé. Et puis progressivement, elle a étendu son champ d’action à toute la maison avec des objets déco et du petit mobilier auxquels succéderont bientôt des pièces plus imposantes. Reste la vocation de Zens : créer des objets avec des méthodes de fabrication traditionnelles, mais adaptés aux modes de vie contemporains et populariser le meilleur de l’artisanat chinois, qu’on ne voit que rarement en France.
L’éditeur aux dents longues veut casser l’image du « Made in China » à grands renforts de produits bien conçus et fabriqués dans le respect de l’écologie. Les matériaux sont naturels (bambou, céramique, verre, argile…) et l’entreprise respecte les normes de recyclage, d’emballage… Après la Chine, Zens se lance à l’assaut du marché européen. Elle a ouvert des boutiques à Amsterdam, Milan (au grand magasin La Rinascente…), Londres (Harrod’s) et Paris depuis le 10 octobre.
Zens fait appel à des designers européens chargés de créer un pont stylistique entre deux mondes qui s’ignorent encore largement. Zens développe ainsi un art de vivre à mi-chemin de l’Orient et de l’Occident. Pour ce faire, nul n’était plus qualifié que Michael Young. Ce Britannique a d’abord travaillé avec Terence Conran et Tom Dixon avant d’installer son studio à Hong Kong en 2006. Cela lui a permis de développer des relations privilégiées avec des fabricants chinois tout en gardant contact avec des Américains (Coalesse, Emeco…), des Italiens (Gufram, Magis…), des Anglais (Established & Sons)… IDEAT l’a rencontré au salon Maison & Objet où il présentait toute une collection sur le stand Zens.
Comment s’est nouée la relation avec Zens ?
Je les ai découverts il y a trois ans après avoir donné une conférence dans un salon. A l’époque, l’entreprise était encore très concentrée sur les services à thé et venait juste de se décider à investir le marché européen. L’année dernière, nous nous sommes à nouveau rencontrés pour mettre au point une collection complète. Je leur ai apporté ma connaissance de la culture chinoise et la manière de l’adapter au marché occidental, de la moderniser. Je suis européen mais je vis en Chine depuis douze ans maintenant. Je comprends donc bien les formes, les couleurs, les usages…
Quel a été le premier brief de la part de Zens ?
L’idée était de mettre en place un plan d’action sur trois ans afin de développer une gamme complète, de la chambre à la cuisine. On a commencé avec une table et on explore progressivement toute la maison. L’éco-conception était aussi présente dès le départ. Pour cette collection, j’ai utilisé beaucoup de bambou, un matériau éminemment chinois mais qui, là-bas, est dédaigné par les jeunes générations. Le but était de lui trouver une utilisation contemporaine. Une démarche très différente de mes clients habituels, très technologiques et tournés vers les matériaux technologiques. J’en ai fait des bougeoirs tous uniques car chaque section de bambou est différente.
L’entreprise avait-elle ces savoir-faire en interne ?
Non, nous sommes partis en voyage à travers toute la Chine afin d’identifier des sous-traitants. On a vu beaucoup de savoir-faire, d’usines, d’ateliers, d’artisans… Cela m’a donné des tas d’idées !
A quelle échelle est produite cette collection ?
A celle du marché chinois ! La première série de bougeoirs représentait 100 000 unités… Et malgré tout, cela reste fait main, c’est l’avantage de la Chine et de son 1,4 milliard d’habitants.
De quel objet êtes-vous le plus fier ?
Le pichet qui me parle de façon claire et directe, sans en faire des tonnes ; il dégage une certaine sérénité. Le chandelier est lui aussi très basique mais j’aime la façon dont il valorise le bambou. Personne n’y a jamais pensé et je ne comprends pas pourquoi… D’une façon générale, je suis fier de ces objets à mi-chemin des deux cultures.
Vous avez utilisé le plus de matériaux naturels possible…
Plus je vieillis, plus je m’intéresse à cet aspect des choses : les matériaux, la culture véhiculée par les objets… Le bambou parle à l’esprit, ce qui n’est pas le cas du plastique. C’est très différent que de travailler pour Magis ou Kartell…
Quelle sera la prochaine étape ?
Nous allons maintenant aborder la chambre, le salon, le voyage… Pour l’instant, cette collection est très bien accueillie ; le futur s’annonce positif même s’il ya encore beaucoup de travail. Je dois veiller à ce que le caractère chinois reste léger : pas de yin & yang, ce genre de choses. Ca ne doit en aucun cas ressembler à la déco d’un restaurant chinois ! Je veux que ces objets deviennent des classiques, sans attache à un pays particulier…
Zens. 5, rue de Condé, 75006 Paris.