Immergée dans une végétation méditerranéenne, à Beauvallon, face à la baie de Saint-Tropez, la Villa Seynave porte à la fois les valeurs constructives de Jean Prouvé et une singularité qui suscite notre curiosité.
C’est dans les années 1960 que l’industriel lorrain Pierre Seynave commande à l’architecte cette maison de vacances. Jean Prouvé s’illustre alors dans des habitations préfabriquées qui répondaient à l’urgence de reconstruction suite à la Seconde Guerre mondiale. Dans cette vision humaniste, le Nancéien imagine des constructions démontables et modulables dont les matériaux industriels permettent une fabrication en série et à moindre coût.
C’est ce système constructif « Alba », mis au point en 1950, qu’il reprend pour réaliser le bungalow estival de la famille Seynave. Une dalle de béton vient ainsi accueillir des blocs préfabriqués et des portiques métalliques — éléments porteurs de la construction — et se coiffer d’une toiture en bacs d’acier.
La Villa Seynave : une œuvre totale
Accompagné de l’architecte Neil Hutchinson, Jean Prouvé va mener cette villa entièrement de plain-pied et d’environ 150 m2, vers une esthétique d’autant plus raffinée. Pensée en bois précieux, verre, béton et métal, la construction se distingue tout d’abord par sa silhouette flottante.
La mise « hors sol » des panneaux de façades lui confère ainsi une légèreté, comme à peine effleurant le sol. L’intérieur, quant à lui, révèle un agencement aussi surprenant.
Alors que la cuisine, les pièces d’eau et les placards occupent les modules de béton, les autres espaces sont entièrement ouverts et se modulent par des cloisons mobiles en accordéon. Une fluidité d’ensemble renforcée par de larges baies vitrées qui ponctuent la quasi-totalité des panneaux de façades.
L’aménagement intérieur ne fait qu’affirmer la singularité de la Villa Seynave. De la cuisine au séjour, la designeuse et architecte Charlotte Perriand imagine un espace minimaliste et fonctionnel qui suit les préceptes de la « maison-objet » établie par Jean Prouvé.
Dans une ambiance japonaise propre à la décoratrice française, l’intérieur est illuminé par ces plongeantes ouvertures vers la nature et par les luminaires aériens signés Serge Mouille.
Manifeste du génie créatif de Jean Prouvé, le bungalow fut inscrit dès 1993 aux Monuments historiques et labellisé « Architecture contemporaine remarquable ». Mais c’est sûrement la conservation dans son état d’origine qui rend la Villa Seynave unique. Une sensibilité patrimoniale émanant du propriétaire actuel qui, espérons-le, perdurera chez les prochains acquéreurs.
> La Villa Seynave est en vente sur le site de l’agence Architecture de collection.