E-1027. Le nom même de cette bâtisse annonce un projet unique. Celui-ci imbrique les initiales de ses concepteurs: E pour Eileen, 10 du J de Jean, 2 pour le B de Badovici, 7 du G de Gray.
Une destinée singulière
Plantée sur un terrain de la commune de Roquebrune-Cap-Martin, entre la ligne de chemin de fer Nice-Vintimille et la Méditerranée, la villa condense à elle seule les principes de l’architecture moderne, répondant aux cinq points de l’architecture nouvelle, ordonnés par Le Corbusier : des pilotis, un toit-terrasse, un plan libre, des fenêtres en longueur et une façade libre.
Un bréviaire architectural aux inspirations maritimes, qui est aussi le théâtre de récits romanesques. A commencer par celui des peintures murales de l’architecte suisse, qui dénaturent le projet d’Eileen Gray, mais aussi son passage de mains en mains, la dispersion via des enchères de son mobilier, ou encore l’assassinat dans ses murs de l’un de ses propriétaires.
Une vie mouvementée qui se poursuit par une série d’actes de vandalisme. Ce cercle infernal prend fin à la fin des années 1990, avec son acquisition par le Conservatoire du littoral. Elle donne lieu aux prémisses de sa restauration, menée par l’association Cap Moderne regroupant la villa E-1027 d’Eileen Gray, mais aussi l’Etoile de Mer, les Unités d’Habitation et le Cabanon de Le Corbusier.
Vingt ans plus tard, une restauration « rigoureuse et délicate de tous les ouvrages» redonne vie à ce lieu unique, conçu par le génie de Gray. Cet ouvrage, en plus de retracer avec précision la destinée unique de l’édifice, nous offre une déambulation à travers toute une série de clichés signés Manuel Bougot, pour qui n’aurait pas la chance de s’y rendre.
Le génie d’Eileen Gray
Véritable manuel pour maison de vacances rêvée pour tout amateur de belle architecture, E 1027 Renaissance d’une maison en bord de mer souligne l’ingéniosité de la designeuse et architecte irlandaise. Notamment à travers des jeux de circulation et de couleurs rappelant ceux d’un bateau, de miroirs pour agrandir l’espace, ou pour le structurer avec des paravents sur rails. Le tout chamarré par un mobilier astucieux qui fait la part belle au métal et les petits mots plein de malice inscrits au pochoir par Eileen Gray. A feuilleter ou à partir visiter d’urgence.
> E-1027 Renaissance d’une maison en bord de mer, sous la direction de Jean-Louis Cohen, éditions du Patrimoine, 264 p.p, 49€. Et pour visiter la villa, rendez-vous sur le site de Cap Moderne.