À Milan, la villa Necchi Campiglio, construite entre 1932 et 1935 par l’architecte Piero Portaluppi, est devenue culte dès son ouverture aux visiteurs. Celle d’Osvaldo Borsani, bâtie de 1939 à 1945 à Varedo, à une demi-heure du Duomo, pour son père, n’est apparemment pas vouée au même succès immédiat. La qualité des marbres, sur le plateau de la table de la salle à manger ou sur une petite volée de marches, atteste d’une réelle beauté, mais c’est comme si les flashs glissaient sur cette construction indifférente à la célébrité. C’est sûrement parce qu’on est dans une maison de famille, habitée par trois générations jusqu’en 2008. Ne boudons pas notre plaisir, la villa est séduisante à sa façon.
Lors du Salon du meuble de Milan, le bureau de style d’Ambra Medda a été sollicité pour la réveiller le temps d’une brève ouverture au public. Pour tenter de réchauffer l’atmosphère de ces 3 000 m2, la cofondatrice de Design Miami a fait appel à une styliste, un fleuriste, un parfumeur et mis au point une playlist… Les visiteurs avaient de quoi d’autant mieux apprécier l’ensemble que paraissait aussi l’ouvrage Osvaldo Borsani – Architetto, designer, imprenditore (édité par Skira, avant une version en langue anglaise annoncée pour août) écrit par l’architecte Giampiero Bosoni. L’auteur a eu la bonne idée d’ausculter à fond son sujet avant d’en restituer les faits saillants avec force détails.
Il en ressort qu’Osvaldo Borsani et son frère jumeau, Fulgenzio, n’ont pas été aussi médiatisés que d’autres maestri. Heureusement, cinquante années d’archives ont été conservées. D’où l’intérêt de la rétrospective organisée au musée de la Triennale. Elle met en avant pas moins de 300 objets dans une scénographie de la star Norman Foster et de Tommaso Fantoni, architecte lui aussi et petit-fils du designer. Borsani collaborait avec des artistes comme Lucio Fontana ou des designers comme Guglielmo Ulrich… Largement de quoi alimenter un regain d’intérêt du public pour cette villa, véritable messagère de l’univers de son auteur, et que l’on espère pouvoir revisiter bientôt.
> « Osvaldo Borsani », au Palazzo della Triennale, Viale Alemagna, 6, Milan, jusqu’au 16 septembre.