Vertiges au sommet : le téléphérique du Salève s’offre une 2e jeunesse

Depuis le sommet du mont Salève, en Haute-Savoie, la vue sur le lac Léman est saisissante. Pour l’admirer, il faut emprunter le téléphérique mythique des années 1930, qui a repris du service à l’automne, après une cure de jouvence aussi ambitieuse que sensible. Un lifting tout en béton restauré, panorama XXL et vibes modernistes, signé Devaux&Devaux. L’ascension vaut le détour.

Il fallait bien un duo d’architectes amoureux du patrimoine et du grand air pour ressusciter ce vaisseau suspendu entre ciel et terre. À Étrembières, la gare haute du téléphérique du Salève, perchée depuis 1932 au-dessus du lac Léman comme une promesse inachevée, vient de retrouver toute sa superbe. Fini les bricoles d’appoint et les rafistolages : place à une réhabilitation en mode carte postale, où béton d’époque rime avec terrasse panoramique et restaurant tout neuf. Un geste fort, mais tout en finesse, qui fait dialoguer l’architecture moderniste avec les Alpes en toile de fond. Le résultat, signé Devaux&Devaux ? Un spot où l’on vient aussi bien pour la vue que pour l’histoire. Et ça, c’est du grand art.


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Au zénith

L’automne dernier, il a raflé tous les prix d’architecture (Équerre d’argent, prix d’A 10+1). Situé à Étrembières, en Haute-Savoie, le téléphérique du Salève a fait l’objet de travaux d’envergure avant de rouvrir ses cabines au public, en octobre. À l’origine de cette réhabilitation signée Devaux&Devaux figure un bâtiment inachevé, celui érigé en 1932 par l’architecte Maurice Braillard (1879-1965) pour relier Veyrier en Suisse au mont Salève en France. Inachevé, puisque l’hôtel-restaurant initialement prévu au sommet ne vit jamais le jour. Emblème du patrimoine moderniste du XXe siècle, cet ouvrage d’art prend place dans un site classé Natura 2000 très fréquenté.

À Étrembières, la réhabilitation de la gare haute du téléphérique du Salève, menée par l’agence Devaux & Devaux Architectures (DDA) a été auréolée du prestigieux prix national d’architecture de l’Équerre d’argent.
À Étrembières, la réhabilitation de la gare haute du téléphérique du Salève, menée par l’agence Devaux & Devaux Architectures (DDA) a été auréolée du prestigieux prix national d’architecture de l’Équerre d’argent. Manuel Bougot

Et pour cause ! La gare haute de ce téléphérique bénéficie d’un atout de choix: une vue majestueuse sur le lac Léman qu’elle surplombe fièrement. En lévitation au-dessus de la vallée, l’édifice est construit en béton armé et repose sur d’imposants piliers que nécessitait cette zone géologique instable.

Architecture suspendue

L’agence Devaux&Devaux a été retenue pour transformer ce bâtiment-pont et améliorer les conditions d’accueil des voyageurs. Mais les architectes se sont aussi promis d’achever le rêve de Maurice Braillard en renouant avec l’image d’une construction qui n’existait jusqu’alors que sur papier. Le téléphérique avait subi des ajouts malheureux au fil du siècle, mais également la modification de sa matérialité (enduit en microbéton, bardage métallique).

S’il offre aux visiteurs une vue panoramique sur le lac Léman et la chaîne des Alpes, le bâtiment respecte également les ambitions initiales de son architecte, Maurice Braillard.
S’il offre aux visiteurs une vue panoramique sur le lac Léman et la chaîne des Alpes, le bâtiment respecte également les ambitions initiales de son architecte, Maurice Braillard. Manuel Bougot

Claudia et David Devaux ont ainsi pris le parti de restituer l’œuvre dans son intégrité, en restaurant les bétons originels. Et si le bâtiment profite désormais d’une vue imprenable sur le lac, c’est grâce à leur intervention qui libère un généreux parvis et une terrasse panoramique, accessibles à tous, gratuitement. Une stratégie de transformation à l’image de leur façon d’envisager le patrimoine.

« Chaque projet de l’agence est pensé dans sa relation à l’existant naturel et culturel ainsi que dans le dialogue qui s’instaure avec lui», expliquent les architectes de Devaux&Devaux. Malgré sa monumentalité, le téléphérique réussit l’exploit de disparaître dans le grand paysage qui l’entoure. Quant au restaurant, il a enfin trouvé sa place dans la galerie haute. Son nom, Vertiges, dit tout de cette expérience gustative à flanc de montagne.


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