« USM, c’est cher. » Que répondez-vous ?
Laurent Crochet : Au niveau du mobilier haut de gamme, nous sommes dans la norme. Je dis « haut de gamme » eu égard à la solidité et à la qualité de finition de tous les éléments. En plus de la modularité du système, il y a une pertinence et une longévité du produit qui sont exceptionnelles. Celui-ci sert chaque besoin. Un particulier ou une entreprise qui déménage ne se retrouve pas avec un meuble qui ne lui correspond plus sur les bras, il l’adapte. Du coup, un investissement fait il y a trente ans reste intéressant. La Bibliothèque nationale de France, par exemple, qui l’utilise dans ses bureaux depuis 1994, a encore choisi USM pour ses nouveaux aménagements rue de Richelieu. C’était plus rentable. Entre réagencement et durée de vie, c’est vraiment un bon investissement.
Il n’y aurait pas de durée de vie moyenne du système ?
Non. Il suffit de voir l’âge de certains meubles en Suisse, notre pays d’origine. On peut toujours en remplacer les éléments abîmés. C’est plus facile que de faire réparer un meuble classique.
Un élément de 1994 s’adapte-t-il vraiment aux nouveautés d’USM ?
Tout est possible. En remplaçant, par exemple, des pièces périphériques si des dispositifs d’attache de portes ont été modifiés. Quand nous développons un nouveau produit, la notion de rétrocompatibilité est très importante.
« USM, c’est pour des lieux modernes, un rien froids. » Vrai ou faux ?
Avec quatorze couleurs dans notre gamme, quiconque veut de la chaleur a le choix pour créer des environnements gais et dynamiques. Et les éléments en tubes chromés, loin de faire froids et métalliques, prennent la couleur de l’ambiance autour. Les meubles USM s’intègrent plus qu’ils ne s’imposent. C’est très intéressant pour les architectes. Le système sert l’architecture.
« USM, c’est typé bureau. » Entendez-vous encore de tels propos ?
C’est une idée dépassée. Si le mobilier USM était à l’origine destiné au bureau, on observe depuis vingt ans un fort développement dans l’habitat. En France, la moitié de notre chiffre d’affaires provient de l’univers domestique. En Suisse et en Allemagne, la porte des intérieurs privés a été franchie depuis longtemps. Et, si vous tapez « USM Haller » sur Instagram, vous verrez des milliers d’images postées par des utilisateurs privés.
Le système nécessite-t-il un entretien particulier ?
Non, rien de particulier. Il s’adapte avant tout au mode de vie de son utilisateur.
Dans quelle mesure le système USM a-t-il évolué ?
Les changements sont à peine perceptibles, en dehors de l’électrification récente des structures pour y intégrer de la lumière. Les évolutions concernent par exemple les portes, devenues plus légères. Toujours en phase avec son temps, le système ne vieillit pas. Sur une photo avec un meuble USM, ce n’est jamais lui qui permet de dater l’image mais plutôt ce qu’il y a autour.
Parlez-nous de la récente introduction de la lumière dans le système USM.
C’est une innovation majeure, qui va plus loin que le simple fait d’inclure de l’éclairage dans la structure des meubles sans remettre en question leur modularité. C’est la structure métallique elle-même qui est porteuse du courant, de sorte que l’installation électrique est intégrée sans qu’aucun fil n’apparaisse nulle part !
Comment les clients ont-ils réagi ?
Très bien. Chacun a pu se faire une idée de l’utilité qu’il en retirerait. On peut aussi bien disposer d’une très belle lumière qui met en valeur des objets que d’un agencement illuminant un espace de travail.
Qu’en est-il du développement durable dans l’entreprise ?
La culture du développement durable est vraiment ancrée dans les gènes d’USM. En Suisse, l’entreprise est installée dans le même village, Münsingen, depuis 1885. Des pièces métalliques des débuts au mobilier USM, produit depuis cinquante ans, tout a toujours été fabriqué au même endroit. Les employés de l’usine vivent à Münsingen, l’acier utilisé est recyclable, les transports, sont réduits. Et surtout, la modularité du système fait qu’on ne jette pas les meubles, on les modifie. USM vient d’ailleurs de recevoir un certificat « Cradle to Cradle », attestant du caractère recyclable et renouvelable de ses produits.
Quel message le spectaculaire stand USM du dernier Salon du meuble de Milan cherchait-il à exprimer ?
Il mettait en avant Homework, un projet de réflexion mené par USM sur les nouvelles interconnexions entre les sphères professionnelles et privées. L’immense structure USM du stand englobait différents espaces de vie.
Au fond, le mobilier USM est un système architectural.
Co-inventé avec un architecte, Fritz Haller, sur la base du principe de modularité, c’est une architecture dans l’architecture, le fruit d’une idée architecturale transposée dans un système de mobilier, à plus petite échelle. Le bâtiment de l’usine USM procède lui-même de cette modularité. Il avait vocation à évoluer suivant les besoins de l’entreprise. Le mobilier découle de cette ambition.
Le paradoxe d’une esthétique sans excès ni austérité est-il voulu ?
Il s’agit probablement d’un mode de pensée hérité du Bauhaus et toujours actuel. Je dirais que la démarche du système USM s’inscrit dans cette idée du primat de la fonctionnalité du meuble et de son usage. C’est beau par l’absence de fioritures. Tout est pensé pour l’usage.
Que vous disent les particuliers qui ont installé du mobilier USM chez eux ?
C’est comme si les meubles vivaient avec eux, s’adaptant à l’évolution de leurs besoins dans le temps. Le système peut changer de place ou d’usage. Les clients se l’approprient dès qu’ils composent leur aménagement.
Pourquoi ne voit-on jamais de copies du système USM ?
On peut voir des produits qui, esthétiquement, de loin, reposent un peu sur le même choix d’éléments entourés de structures chromées, en tubes ou à sections carrées. Mais c’est pour sa fonction plutôt que pour son style que les clients choisissent USM. Il n’y a donc rien à imiter.