D’entrée de jeu, l’adresse donne le ton : située à l’angle de Brick Lane, dans un immeuble en briques apparentes, Unto This Last s’ouvre sur un showroom lumineux, jouxtant un atelier donnant sur la rue. Libre au passant d’y entrer et de regarder les meubles prendre vie sous ses yeux. L’équipe s’affaire, nullement désarçonnée par la présence des curieux.
Créé il y a vingt ans par le Français Olivier Geoffroy, Unto This Last cumule les avantages. Le premier est d’être implanté en pleine capitale, dans une géographie urbaine ultra-dense. En plus de l’effet commerce de quartier et du facteur « rareté » que représente un atelier citadin, ce choix permet de réduire l’impact environnemental : les clients étant Londoniens, la livraison se fait à vélo-remorque. Ce faisant, l’atelier (qui fabrique ses meubles à partir de matériaux naturels) reste conforme à son esprit eco-friendly.
Réduire les inégalités
Autre point fort d’Unto This Last, l’accessibilité. Le but était clair d’emblée : les meubles doivent être abordables, bien que fabriqués à Londres et à petite échelle. L’atelier veille également à ce que le système de reconnaissance du travail soit plus sainement pensé ; exit donc la seule valorisation des employés en fonction de la force physique déployée, critère qui aurait tôt fait de désavantager les femmes. À la place, on loue la capacité d’analyse, l’innovation et autres compétences cérébrales. En parallèle, tout est fait pour réduire au maximum l’effort physique en atelier (machines adaptées, légèreté des matières premières, etc.).
L’une des valeurs cardinales d’Unto This Last consiste aussi à impliquer l’équipe. À l’atelier, tous les employés sont multi-tâches ; ce qui permet à presque chacun d’assurer – pratiquement de A à Z – le processus complet de fabrication d’un meuble. C’est ensuite cet employé qui livrera en personne le fruit de son travail au client ; pour toujours plus de personnalisation/implication…
La France en ligne de mire
Enfin, Unto This Last nourrit en filigrane une certaine réflexion sur l’économie actuelle et se fait le chantre d’une production plus pondérée, plus sensée, « plus logique », selon les mots d’Olivier Geoffroy. Parmi les problématiques parcourant l’atelier – et auxquels toute l’équipe est tenue de réfléchir – figurent les interrogations suivantes : comment atteindre le degré zéro de pertes de matière lors de la fabrication ? Comment être plus performant dans un espace d’assemblage restreint ? Comment réduire le bruit en atelier ? Pour y répondre, s’inspirer de modèles entrepreneuriaux originaux peut faire partie des pistes à explorer. D’où les cours de consulting que l’éditeur s’offre depuis deux ans auprès du Toyota Lean Management Centre (situé au Royaume-Uni). En parallèle, l’atelier continue sur sa lancée : fin 2020, il essaimera pour la première fois, ouvrant un second atelier dans le sud de l’agglomération londonienne. Avec, à terme, la France comme perspective. À suivre, donc…
> untothislast.co.uk