Alors que les propositions les plus farfelues affluent pour la restauration de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le studio Gensler se démarque avec un projet de pavillon éphémère destiné aux fidèles en attendant la fin des travaux, qui pourrait être installé sur le parvis Jean-Paul II. Si l’idée a été lancée dès le 18 avril, celle-ci a vite été cannibalisée par les polémiques autour de la restauration et réapparaît aujourd’hui pour la première fois sous la forme d’une structure en bois brûlé.
Hautement symbolique pour les uns, d’un goût douteux pour les autres, le choix du bois brûlé se réfère évidemment à l’incendie de la charpente médiévale : « La technique du bois brûlé est l’un des moyens les plus anciens et les plus efficaces de protéger le bois contre le feu. Ce qui a détruit Notre-Dame servira ici à renforcer le pavillon, exprimant ainsi un langage de renaissance et de transformation », explique Duncan Swinhoe, à la tête du département européen de l’agence de design et d’architecture.
Après un pavillon flottant, imaginé pour accueillir temporairement le parlement britannique, le cabinet international, fort de ses 48 antennes à travers le monde, récidive et assume les clins d’œil à la cathédrale. Notamment avec une trame qui reproduit les proportions et les rythmes de la nef gothique. A la transparence de ses vitraux, le projet répond par des parois translucides et une toiture gonflable diffusant « une lumière éthérée ».
Amovible, la façade de l’extrémité Est doit ponctuellement s’ouvrir sur le porche de la cathédrale, tandis que des parois pivotantes rendent perméables les cotés du pavillon et permettent différentes configurations de l’espace. Car, au-delà d’accueillir des messes, pouvant réunir jusqu’à 800 fidèles, le bâtiment entend également s’adresser aux touristes, en offrant la possibilité d’organiser des expositions, marchés et spectacles.
La pollution au plomb causée par l’incendie questionne toutefois la faisabilité du projet. De même que la taille restreinte du parvis et la crypte archéologique qu’il abrite. Déjà investi par le chantier de restauration, reste à savoir s’il pourra accueillir une structure d’un tel poids et d’une telle dimension. Sans oublier que, depuis l’année dernière, le Vatican dispose de ses propres chapelles ambulantes, dessinées par Norman Foster ou Edourado Souto de Moura à l’occasion de la Biennale d’architecture de Venise…