Sa suspension palmée Pale a fait les beaux jours des pages glacées et des feeds de nos réseaux sociaux. La marque Georges a explosé avec ce modèle d’abat-jour organique. Et depuis, la petite entreprise béarnaise n’a pas chômé. Une première boutique, une manufacture et 40 employés plus tard, l’heure est venue de « monter à Paris ». Rive gauche, une porte cochère de la rue Jacob dissimule le second showroom de la marque, soit 185 m2 dédiés un artisanat bienveillant qu’IDEAT a pu visiter en compagnie de sa créatrice, Mylène Niedzialkowski…
IDEAT : Comment est né Georges ?
Mylène Niedzialkowski : Malgré ma passion de toujours pour la création, je me suis d’abords orientée vers des études plus terre-à-terre qui m’ont permis de travailler dans le social un temps. Après avoir monté ma boîte, qui accompagnait des enfants malades, j’ai eu besoin d’un peu de légèreté et d’un retour à mes premières amours. Je me suis lancée avec toute petite collection pour mes enfants : un futon en lin lavé issu de la récupération de tissus militaires, des boîtes à musique murales en bois rebrodées de coton, un tipi avec des plumes peintes à la main… Paola Noe, une curatrice italienne a remarqué mon travail et m’a invitée à exposer dans son showroom lors de la Design Week de Milan. Une envie d’entreprendre des réflexions plus profondes sur les matières que je voulais comprendre et maîtriser, sur le sourcing… m’a donné le courage de me lancer à plus grande échelle. J’ai donc débuté un gros travail de repérage autour de chez moi pour savoir ce qu’il s’y passait, qui étaient les artisans, quelles matières étaient produites… En 2014 est donc née la marque Georges telle qu’on la connaît aujourd’hui, avec toute une ligne d’objets de déco faciles à vivre mettant toujours l’accent sur la matière.
La suspension Pale a propulsé la marque sur le devant de la scène…
Après ma seconde participation à Maison & Objet en septembre 2017 pour laquelle j’avais mis au point des paravents composés de modules de rotin, j’ai voulu approfondir mon rapport à cette matière. Donc je suis allée voir une vannière pour apprendre à travailler le rotin dans les règles de l’art. Nous allons faire évoluer ce modèle. Nous proposerons dès septembre, en boutique à Bayonne et Paris, la customisation des palmes. Formes, dessins, mots… La toile de beurre de coton déjà teintée pourra évoluer en fonction des envies de nos clients.
« La matière est toujours au cœur de mes réflexions »
Comment se déroule la création d’un nouveau produit ?
J’adore la haute couture. Je suis notamment une grande fan de Dries Van Noten, du vêtement tressé… La matière est toujours au cœur de mes réflexions. Je considère que les aspérités, du bois par exemple, ses « défauts », donnent à une pièce sa vraie couleur. Quand une idée m’apparaît, j’opère donc un long travail de recherche et d’expérimentation. Ce processus de longue haleine m’amène à appréhender une nouvelle matière. Je rencontre des artisans, des techniciens, qui m’aident à le comprendre et le maîtriser techniquement. Je dessine et prototype moi-même mes nouveaux produits. Dès qu’une nouvelle pièce est finie, je l’expose chez moi pour vivre avec. Si l’essai est transformé, nous réfléchissons en équipe à la meilleure façon de produire l’élément en série. Nous avons la chance d’occuper depuis l’an dernier un château-atelier à Méritein, un petit village du Béarn, d’où nous pouvons facilement et de façon très flexible adapter la production, corriger un défaut, inventer de nouveaux processus… Nous faisons aussi très attention aux conditions de travail de nos artisans : nous avons récemment repensé tout le circuit de fabrication des Pales pour adoucir le travail physique qu’elles nécessitaient.
Quelle place prend l’écologie dans votre démarche ?
L’éthique et le respect de l’environnement dans le travail font partie de ma démarche depuis le début. C’est une évidence… Nous faisons très attention aux matériaux que nous utilisons : peinture à l’eau, colle à l’eau également… Nous sommes aujourd’hui en processus de réflexion sur la façon la plus adéquate de recycler nos chutes de tissus.
L’aventure parisienne de Georges
Après Bayonne, pourquoi avoir choisi d’installer un showroom Georges à Paris ?
Beaucoup des particuliers et architectes qui nous sollicitent sont parisiens. L’idée était donc de se déporter au plus près d’eux, de créer une vraie rencontre, leur permettre de sentir les matières, d’être dans le concret. Dans cette boutique parisienne, et pour la première fois chez Georges, nous développons également un vrai bureau d’architecture d’intérieur voué à mettre en place des projets de A à Z, de l’aménagement d’un appartement à celui d’un restaurant, par exemple.
Comment avez-vous imaginé cet espace hybride ?
Je souhaitais créer un lieu de circulations et de découvertes. Chaque pièce de ce showroom a été réalisée par mon équipe et moi dans le but de montrer à nos clients le potentiel de la marque mais surtout de ses collaborateurs qui ne sont pas de simples hôtes d’accueil mais bien des experts créateurs. Le rez-de-chaussée est plutôt dédié au textile ; on y retrouve par exemple une machine à coudre. Il y a également une partie chambre avec notre linge de lit et le vestiaire que nous composons de pièces uniques. A l’étage, on retrouve nos suspensions Pales et une partie un peu plus pointue où nos présentons les collections de Soma, notre ligne bis dédiée au mobilier. Le bureau de notre architecte d’intérieur et une petite verrière qui abrite l’écrin dans lequel sont fabriqués nos parfums de maison, sur place et à la demande, sont également installés à l’étage supérieur. Et juste derrière le showroom, nous avons aménagé une chambre d’hôte dans l’esprit de Georges, disponible à la location.
Le futur pour Georges ?
Si les conditions le permettent, nous ouvrirons dès octobre une boutique éphémère à Amsterdam. Une ligne de vaisselle est en préparation et de nouvelles collaborations avec de très belles marques sont en cours…
> Georges. 9, rue Jacob, 75006 Paris. Site internet.