Une porte en fer vert amande face à une cour arborée, des carreaux de ciment grisés et un mur à la peinture décapée par l’usure du temps… Avec sa boutique Ailleurs, Régis Godon-Dilla nous emmène incontestablement ailleurs dans le temps et dans l’espace, aux antipodes de ce qu’est devenu le faubourg Saint-Antoine. « Je cherchais un endroit qui ait de la gueule. J’ai monté le projet avec une mise de fonds ultra-minime », nous confie-t-il.
Dans sa boutique aux faux airs d’un Merci plus intuitif (il fut longtemps collaborateur du fameux concept-store parisien), il s’amuse à proposer des meubles et objets sur la tangente. Ni totalement désuets ni entièrement folkloriques, parfois vintage, il chine des pièces « touchantes ». Ce qu’il souhaite, c’est « casser le côté nickel des intérieurs parisiens avec des trésors du quotidien », comme des canapés Gervasoni, des coussins brodés ou des fauteuils en rotin.
Arts de la table, textiles, cadeaux, meubles… Spécialiste de la céramique, cet inlassable chineur a rapporté des assiettes noir et blanc graphiques de la maison portugaise Casa Cubista, des terres cuites japonaises de Nobue Ibaraki… dans lesquelles il plonge des bouquets signés Arôm, le (fantastique) fleuriste du quartier.
« J’habite le faubourg Saint-Antoine depuis vingt ans et c’est via ma perception du quartier que j’ai pu imaginer Ailleurs. Parce que je connais bien la clientèle et grâce à mon réseau, j’ai pu ouvrir cette adresse unique, fermée depuis quarante ans, qu’une agence immobilière du coin m’a présentée. Ensuite, un architecte d’intérieur m’a aidé à en tirer parti », raconte Régis Godon-Dilla à une restauratrice venue, en voisine, acheter une lampe et quelques verres pour son salon de thé. Dans la discussion, ils en viennent à évoquer une collaboration… Car c’est au coup de cœur que fonctionne cet homme heureux, désormais à la tête de sa propre boutique de décoration.