Deuxième étape : Dessau
Entre la Thuringe et la Saxe-Anhalt se trouvent pas moins de 39 bâtiments Bauhaus ! L’école migre en 1925 à Dessau, fuyant l’ire des milieux conservateurs de Weimar. Gropius en érige la principale construction. Son escalier graphique et coloré inspirera en 1932 au peintre Oskar Schlemmer l’une de ses plus belles toiles, qui représente des étudiants en train de gravir les marches, un thème ébauché dans une fresque à Weimar. Les différentes ailes de ce complexe abritent des ateliers, un auditorium, un café et des chambres individuelles. Il était pourtant alors très mal vu de faire dormir des élèves sur place, même dans 20 m2 – un luxe – garnis de couvertures signées Gunta Stölzl.
Autre émotion : celle qui étreint le visiteur dans les maisons des maîtres, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité. Bienvenue chez Vassily Kandinsky, Josef et Anni Albers, Oskar Schlemmer ou László Moholy-Nagy ! Le directeur Hannes Meyer, successeur de Gropius entre 1928 et 1930, trouvait un peu systématique cette belle symphonie de murs blancs, de toits plats, avec de grandes ouvertures sur la nature alentour. Moholy-Nagy vivait, lui, dans de la couleur, et Kandinsky avec ses icônes russes.
Le Bauhaus anime fatalement les conversations du restaurant Kornhaus, riche d’une rotonde 1930 donnant sur l’Elbe. On ne repart pas sans une visite du côté de Törten, où toute une cité-jardin de 314 habitations, construites de 1926 à 1928, est restée dans son jus. La palme de l’étrange revenant à la Maison d’acier, de Georg Muche et Richard Paulick.