Les élégances néo-parisiennes du grand café Lafayette, à NoHo, ce sont eux. Encore eux, les délices néo-fifties du Freehand, nouvel hôtel de Gramercy Park, où toute la jeunesse se retrouve pour prendre un verre. Ils viennent d’ailleurs d’inaugurer, en lieu et place d’une vieille mercerie, leur propre concept-store-restaurant, The Guild (voir photo ci-dessus), où tout, de la vaisselle jusqu’aux canapés douillets, est à vendre. À des prix stratosphériques, cela va de soi. Et à SoHo, évidemment…
Preuve que le petit quartier mythique, malgré les enseignes internationales qui le standardisent et les ripolinages que subissent ses façades, donne toujours le tempo de l’art de vivre à la new-yorkaise. Mieux : SoHo travaille toujours l’imaginaire de la jeune garde du design. Représenté par la galerie Patrick Parrish, l’artiste et architecte moscovite Harry Nuriev, New-Yorkais d’adoption, a beau clamer que, ce qui l’inspire ici, ce sont « les gens et encore les gens » et qu’il n’a « étrangement que faire des beaux murs de brique », il a pourtant appelé son label Crosby Studios – Crosby Street étant l’une des artères les plus courues de SoHo. Et ce en dépit du fait que son style olé-olé, mêlant couleurs électriques, pop culture et références au constructivisme russe, n’a rien à voir avec les élégances feutrées de l’hypercentre de Manhattan.
C’est d’ailleurs à Williamsburg que le trentenaire façonne son univers, un coin très modeux de Brooklyn dont il chérit la vie de quartier : « Le matin, j’ai besoin de mon café chez Oslo et de ma promenade dans McCarren Park. C’est dans ces moments-là que je pense à mes projets. Puis c’est à mon bureau, d’où les vues sur la ville sont complètement folles, que je rassemble mes idées. » La skyline new-yorkaise, il est vrai, ne révèle jamais mieux ses splendeurs que depuis Williamsburg. Comme les joggeurs, on y étirera nos muscles dans la verdure de l’East River State Park, le long de la rivière du même nom, avec tout Manhattan en arrière-plan. Comme les noctambules bon teint, on grimpera au 22e et dernier étage de l’hôtel William Vale, le plus haut du coin, où le bar Westlight, décoré par l’agence canadienne Studio Munge, est le rooftop rêvé pour siroter un cocktail sophistiqué face à l’Empire State Building, à l’heure où il rosit.