Que l’on arrive de l’aéroport de Leipzig/Halle ou directement de Berlin (à moins de 200 km au nord-ouest), Hauptbahnhof, la gare centrale, donne d’emblée un aperçu de la grandeur passée de la ville. Bâtis en 1915, ses deux halls d’entrée et son immense nef transversale sont à l’image de l’important carrefour qu’elle fut à l’avènement des chemins de fer, au mitan du XIXe siècle. Détruite aux deux tiers durant la Seconde Guerre mondiale , elle a connu à partir de 1995 une restauration qui lui a permis de redevenir l’un des principaux nœuds ferroviaires d’Europe, en même temps qu’un mall de 30 000 m2 sur trois niveaux. Au sortir de cette gare, il suffit de quelques pas pour faire connaissance avec l’histoire lipsienne récente.
Sur un triple mural, une foule de personnages peints par Fischer-Art raconte comment ce creuset industriel de l’Allemagne de l’Est est alors devenu le foyer d’une révolution pacifique qui allait précipiter le communisme dans sa chute. Pendant que la contestation enflait en RDA, l’église luthérienne Saint-Nicolas accueillait les prières pour la paix et faisait germer les Montagsdemonstrationen (manifestations du lundi) où se mobilisaient des centaines de milliers de personnes. C’est donc précisément à Leipzig que le mur de Berlin vacille… pour s’effondrer deux mois plus tard, le 9 novembre 1989. « Nouveau Berlin », comme on l’appelle aujourd’hui, eu égard à l’engouement que la ville suscite dans le landernau créatif, Leipzig revient pourtant de loin, de très loin même.
Avant la réunification, ses usines recrachent dans l’air des tonnes de dioxydes, et les voies d’eau polluée assombrissent encore le tableau noir de crasse d’un centre-ville hanté par la pauvreté. Pourtant, dès le Moyen Âge, la cité la plus peuplée de la Saxe est un important carrefour commercial. Au XVIe siècle, ses foires se développent tant, qu’au XVIIIe siècle, elles surpassent même celles de Francfort. Trois fois par an, au Nouvel An, à Pâques, et à la Saint-Michel, s’échangent ici des marchandises en provenance d’Europe, de Prusse, de Perse. On vient même d’Amérique pour prendre part au commerce des peaux et des fourrures, particulièrement florissant.