Impériale, balnéaire, surfeuse, basque… autant dire inclassable, Biarritz est avant tout une folie. Bâtie au tournant d’un siècle, dans une période d’euphorie où les expositions universelles faisaient bondir le progrès, la belle Basque regarde d’un même flegme princier les brumes pyrénéennes et l’écume océane. Imitant Napoléon III, qui fit cadeau de la villa Eugénie à son épouse ibère, ou Victor Hugo, qui n’avait « qu’une peur : qu’elle devienne à la mode », d’autres têtes couronnées et grandes fortunes d’Europe affluent. En moins de dix ans sortent de terre plus de trois cents villas.
Mauresque, anglo-normand, médiéval ou néo-basque, l’art du pastiche tient là son acmé. Puis vient le temps des Années folles. Casinos et cabarets s’ouvrent en grand pour des fêtes exaltées, aussi pétillantes que le champagne qui coule à flots. Sarah Bernhardt y croise Charlie Chaplin et Pablo Picasso. Coco Chanel sourit à Édouard VII sur fond de rythmes tziganes d’un cabaret à la villa Belza. Gatsby aurait adoré… Les lieux de culte, chapelle impériale ou église orthodoxe russe, portent la ville sur les fronts baptismaux du tourisme naissant dans le froissé des taffetas et le vrombissement des premiers bolides. La ville elle-même devient culte. L’hiver à Saint-Moritz, l’été à Biarritz, pas de meilleur point de vue pour arbitrer les élégances. Il faut dire qu’elle a du répondant…