Tout mélange de couleurs est généralement associé à une esthétique enfantine. C’est pourtant un couple de retraités qui a choisi de faire appel a l’architecte Adam Nathaniel Furman. Pour donner un nouveau souffle à leur appartement des années 1980, les époux n’ont pas hésité à accompagner le créateur londonien dans ses recherches chromatiques Réputé pour les teintes flamboyantes de ses projets, après seulement deux années passées à la tête de son studio, le trentenaire aux multiples casquettes a tiré un trait sur l’agencement terne, sombre et cloisonné de cet intérieur de 160 m², en usant d’un florilège de teintes fruitées : orange, mangue, fraise, citron… Il y en a pour tous les goûts !
Après des installations présentées au London Design Festival et à la Biennale de Courtrai, Furman décline à nouveau une palette aussi extravagante que réfléchie. Car cet homme qui officie en tant qu’architecte, designer et écrivain, dirige aussi Saturated Space, un groupe d’études de l’Architectural Association School dédié à la couleur. A Tokyo, cette passion dessine aujourd’hui un cadre gai et « luxuriant » à moindre frais, tout en participant à la lecture des différents espaces. Notamment au sein de la pièce de vie principale, où le séjour et la cuisine autrefois cloisonnés sont désormais délimités par une moquette lavande et les bandes vertes d’un sol en vinyle.
Au contraste des couleurs s’ajoute celui des matériaux. Discrètes dans les chambres, des notes d’épicéa s’affirment dans la cuisine en habillant le profil d’un comptoir en acrylique. Le matériau synthétique répond aux poignées en porcelaine des placards ainsi qu’à une crédence en carreaux de céramique réalisés à Nagoya. Quant à la mosaïque des deux salles de bains, elle cohabite avec une robinetterie conçue en 1968 par Arne Jacobsen pour la marque Vola. Là encore, la couleur est à l’honneur, avec un jaune éclatant qui pare aussi des sèche-serviettes issus de la grande distribution, afin de compenser le coût de l’aménagement sur-mesure de la cuisine.
Avec ses nuances pastel et acidulées, cette débauche de couleurs invite, selon Furman, à « une célébration hyper-esthétisée de la vie quotidienne et domestique ». Pas sûr que tout le monde ait envie d’être de la partie mais le créateur n’en a que faire, lui qui vient de matérialiser le « cauchemar bourgeois » au sein d’une collection de mobilier développée avec Abet Laminati, un partenaire historique du Mouvement Memphis.