Née devant un ordinateur et avec un téléphone dans la poche, la génération des digital natives prise les expériences virtuelles autant que les interactions physiques. Pour séduire ces « cyber consommateurs », les marques élaborent de nouvelles stratégies esthétiques. Des effets pixellisés décorent les surfaces, des textiles aux revêtements de sol, du petit accessoire au mobilier. Jouant sur les échelles, du plus grossier au plus pointilliste, ces motifs invitent au jeu et à l’expérimentation dans un esprit éminemment graphique.
Mixer durabilité et cyberspace
Alors que nous sommes de plus en plus nombreux à veiller aux qualités écologiques des produits que nous plaçons dans nos intérieurs, l’influence d’un look recyclé, mais frais et coloré, continue à dominer. Le terrazzo avait conquis la sphère design par son processus de production. Des morceaux de matériaux récupérés et réassemblés avec désinvolture comme des confettis offrent une nouvelle jeunesse à cette tendance : les motifs – imprimés, tissés, ou agglomérés – prennent un aspect chiné qui dessine les contours d’un néo-terrazzo contemporain. Au Café Populaire de Lambert & Fils à Milan, les tables du studio DWA étaient ainsi faites d’un mélange de poussière de marbre et de granit, positionnées les unes à côté des autres, pour un effet patchwork sophistiqué. Et dans sa nouvelle collection pour Tarkett, Note Design Studio utilise des matériaux recyclés pour créer des motifs originaux qui vont du micro au macro.
Pixels et tactilité
Tout en évoluant vers une esthétique plus numérique, les matières conservent un rendu texturé. En effet, l’espace digital est devenu partie intégrante de nos vies, mais il ignore et exclut encore notre réalité physique. Alors que nous souffrons de surexposition aux écrans, le manque de contact sensoriel se fait de plus en plus sentir, ce qui peut entraîner stress et anxiété. Un certain nombre de designers optent donc pour une matérialisation tactile de ces effets visuels. Raf Simons applique le principe à une collection de jacquards pour Kvadrat, tandis que Patricia Urquiola obtient ce look avec des morceaux de mousse industrielle.
De plus en plus graphique
Se rapprochant encore plus d’un rendu virtuel, des collections d’objets se déclinent dans des couleurs vives, lumineuses, et réminiscentes de palettes digitales. Alpi édite des meubles créés par l’atelier d’Alessandro Mendini juste avant sa mort, qui poussent la pixellisation jusqu’au pointillisme, alors que Dare to Rug et Clementine Chambon choisissent une approche plus abstraite.