Bien qu’inhérente à toute peinture, chez Little Greene, la pigmentation déploie la virtuosité de sa puissance alchimique. « Par rapport à une fabrication classique, on ajoute 40 % de pigments de plus », précise Vincent Vallée, formateur couleurs de la marque britannique. Issue majoritairement de sources minérales et naturelles, cette concentration s’associe à un savant mélange pour générer des tonalités qui évoluent selon la luminosité.
La couleur et l’histoire comme repères
« À titre d’exemple, nos verts ne sont pas uniquement conçus avec du jaune et du bleu. On y additionne une pointe d’ocre, de noir et d’autres nuances afin que la couleur vive et qu’elle ne soit pas tout à fait identique le matin, le midi et le soir. » Affichant une profondeur et un raffinement exceptionnels, les peintures du fabricant embrassent un large spectre, allant des tons neutres, classiques à des coloris vifs, vibrants et lumineux. Ce vaste nuancier converge vers un autre élément caractéristique, constitutif de la marque fondée il y a plus de vingt-cinq ans par David Mottershead, chimiste de formation : l’histoire.
« Certaines couleurs sont des marqueurs d’une époque, comme le rose Marie-Antoinette ou le vert Empire, poursuit Vincent Vallée. Little Greene a recréé à l’identique les couleurs emblématiques de la décoration anglaise. » Qu’il s’agisse de la période georgienne, des années 70, de la Régence ou de l’époque victorienne, l’entreprise familiale réactive ce nuancier patrimonial grâce à son partenariat avec l’association National Trust dont l’objet est de conserver et mettre en valeur le patrimoine architectural britannique. « On leur fournit de la peinture et, en échange, ils nous donnent accès à leur fonds. »
Ainsi, Tabernacle, un vert pastel, et Ambleside, un vert sombre aux nuances de bleu et de gris, découlent respectivement de la demeure de Winston Churchill, à Chartwell, et du cottage de Beatrix Potter, à Hill Top. Dernière exigence : le respect de l’environnement. L’ensemble des produits sortant de l’usine, nichée dans le parc national de Snowdonia, dans le nord du pays de Galles, ne présente aucun métal toxique. Cette approche vertueuse se prolonge ce mois-ci avec la sortie de « Forest », une collection de peintures et de papiers peints célébrant la végétation…