Sa ressemblance avec le verre est frappante. Longtemps considérée comme un matériau plastique pauvre, la résine prend sa revanche grâce à ses propriétés intéressantes. Dans le domaine industriel, elle est utilisée pour sa solidité et son étanchéité tandis qu’en design, sa malléabilité et son caractère transparent suscitent la curiosité. Elle se solidifie grâce à la chaleur et offre un large prisme de créations tant dans la couleur que dans la forme.
Gaetano Pesce, pionnier en la matière
Depuis soixante ans, Gaetano Pesce surprend par son travail expérimental. Son ambition ? Défier les normes de l’art et du design pour créer des œuvres non-standardisées et vectrices d’idées engagées. Le plastique, plus particulièrement la résine, sera ainsi son support de prédilection. Une matière pauvre et longtemps critiquée qu’il met sur le devant de la scène avec une approche poétique et colorée.
Aujourd’hui, Gaetano Pesce est une figure de proue dans l’emploi de la résine. Malléable, elle se façonne et se transforme à l’infini par le moulage ou à la main. Elle s’accorde ainsi aux idées du designer qui s’oppose à la production industrielle de masse. Après la scénographie flamboyante et remarquée du défilé Bottega Veneta, Gaetano Pesce continue l’exploration de la résine avec une collection hommage à sa ville de cœur, Tramonto a New York. Un paravent imaginé pour Cassina qui s’inspire, de manière artistique et ludique, des gratte-ciels de la cité. Coulant la résine colorée par étape, le créatif esquisse un kaléidoscope de nuances qui rappelle la lumière crépusculaire de la ville et garde les qualités de transparence du matériau.
La résine, un travail de recherche et d’expérimentation pour Lukas Cober
Artiste-designer d’origine allemande, Lukas Cober imagine des pièces de mobilier dont les formes organiques et sculpturales sont le fruit d’une étude minutieuse des matériaux, aux côtés d’artisans spécialisés. La résine est au centre de ses expérimentations. Généralement utilisée comme matériau de moulage pour reproduire fidèlement un objet, elle est détournée par Lukas Cober. Après un passage dans un moule, la pièce est remodelée à la main. En résulte un objet singulier dont les détails n’auraient pu être conçus de manière numérique ou en 3D.
Après y avoir eu recours pour la collection New Wave, le créatif poursuit ses recherches sur la résine avec des pièces de plus grande envergure présentées cet automne à la galerie anversoise St Vincent. Lukas Cober a moulé une résine épaisse en un modèle brut avant de le sculpter à main levée et le polir pour une finition miroir. Intuitive et expérimentale, l’œuvre de Lukas Cober est une quête permanente pour un design entre l’art et artisanat.
La forme tubulaire chez Sabourin Costes
C’est la curiosité qui pousse les deux Parisiennes Zoé Costes et Paola Sabourin à s’intéresser à la résine. Au sein de leur studio Sabourin Costes, elles expérimentent ce matériau au pouvoir réfléchissant fascinant, cherchant de nouvelles façons de le modeler à toute échelle.
Des découvertes surprenantes naissent de ces recherches et dessinent leur style aux couleurs vibrantes et aux formes audacieuses. Leur première série « Boudins» en est le manifeste. En résine teintée transparente, cette collection se démarque par ses étonnantes silhouettes, preuve d’un geste manuel, libre et spontané. Façonnées individuellement, les tiges sont ramollies afin d’être modulées à l’infini. Elles sont ensuite poncées, laissées brutes ou polies pour faire ressortir l’aspect brillant et translucide. Assemblées, elles forment alors des assises, des vases, des tables et même des poignées d’armoires. Des sculptures fonctionnelles et ludiques qui transforment également nos intérieurs par des jeux de couleurs, de réflexions et de distorsions.
Le design ludique signée Ian Cochran
Pour le sculpteur Ian Cochran, les effets de lumières sont essentiels. La résine est pour lui un matériau qu’il faut promouvoir et continuer à explorer tant pour ses qualités de transparence que pour sa capacité à absorber la couleur. Teintée dans une multitude de nuances, la résine peut réfléchir la lumière de nombreuses manières et déformer les images. Installé à Brooklyn, le jeune designer s’est inspiré de ces caractéristiques et s’est amusé à créer des meubles résolument ludiques.
À l’image de sa collection Plump, une série de mobilier qui, selon Ian Cochran, « apporte une joie enfantine à la composition de nos espaces domestiques ». Les couleurs et la rondeur des silhouettes rappellent la palette acidulée des bonbons. Quant au montage, c’est un jeu d’enfant. Chaque plaque épaisse de résine transparente s’emboite comme un puzzle à grande échelle, par de simples joints crantés qui ne nécessitent donc aucune attache. Des teintes aux formes en passant par le montage de ses créations, Ian Cochran appelle à une expérience de la matière.