A Los Angeles, l’artiste britannique Ton Atton Moore vient d’exposer une série de tapis graphiques, tuftés à la main à partir de fils vintage. Entretien.
IDEAT : Quel est votre parcours ?
Tom Atton Moore : Je suis né à Londres où je vis actuellement. J’ai étudié l’illustration à l’UAL LCC et ça ne m’a vraiment pas plu mais j’ai réalisé que je pouvais utiliser le dessin comme point de départ à des créations.
IDEAT : Quand avez-vous commencé à fabriquer des tapis tuftés à la main ?
Tom Atton Moore : J’ai d’abord commencé par tisser à l’aide d’un petit métier artisanal avant de travailler à plus grande échelle mais le tissage à la main est très fastidieux. J’ai donc cherché d’autres façons de fabriquer des textiles et c’est à ce moment-là que j’ai découvert des outils de touffetage vintage. Une fois que je me suis familiarisé avec ces outils, je me suis rendu compte que si je voulais faire quelque chose de plus grand, je devais utiliser une technique plus moderne. Cela m’a conduit au pistolet à touffeter – un outil qui permet de créer des tapis de la même manière qu’un métier à tisser classique mais plus efficacement.
IDEAT : Comment avez-vous appris cette technique ?
Tom Atton Moore : Il existe désormais de nombreuses vidéos sur l’utilisation de ces pistolets mais lorsque j’ai commencé ma pratique, j’ai plutôt observé des fabricants de tapis en Inde. Il faut un certain temps pour trouver la bonne pression pour le pistolet et les différentes hauteurs de poils du fil, mais une fois que cela est fait, les possibilités sont infinies !
A quoi ressemblait le premier tapis que vous avez réalisé ?
Tom Atton Moore : Il s’agit d’une pièce réalisée avec un outil de capitonnage vintage. J’ai dessiné sur le tapis une sauterelle bleue et noire que j’avais vue en Provence. Avec le recul, je n’avais vraiment aucune idée de ce que je faisais mais c’est comme ça qu’on apprend ! Et la première pièce tuftée dont j’ai été fier est à Zurich dans la chambre d’un de mes amis les plus proches. Après avoir terminé ce tapis, j’ai réalisé que j’aimais créer des pièces à plus grande échelle, fonctionnelles et artistiques.
Quelle est votre philosophie ?
Tom Atton Moore : J’essaie de centrer mon travail autour des contraires : le nouveau contre l’ancien, l’homme contre la nature… J’aime utiliser la technologie pour créer des œuvres très traditionnelles. J’aime aussi utiliser des formes organiques face à des couleurs audacieuses. J’espère explorer davantage cette dualité dans mon métier en créant finalement des environnements nouveaux et inhabituels. Au sol, un tapis est fonctionnel au sol, au mur il s’apparente à une œuvre d’art.
Pourriez-vous décrire votre studio ?
Tom Atton Moore : J’aimerais dire que mon studio est très rangé mais ce n’est pas le cas… c’est très poussiéreux ! Sur un mur, j’ai tout mes fils. Il est utile de les voir tous ensemble car cela peut inspirer de nouvelles combinaisons de couleurs auxquelles je n’aurais jamais pensé. Cela fait aussi un mur incroyablement coloré ! De l’autre côté du studio se trouve mon cadre sur mesure que j’utilise pour étirer la toile. Je suis également en train de construire un système de support pour mon pistolet à touffeter car il est très lourd.
Quels artistes vous inspirent ?
En ce moment, je lis un tout nouveau livre de Judith Scott, une artiste qui souffrait du syndrome de Down, était sourde et surtout muette. Elle enroulait du fil autour d’objets trouvés et créait des sculptures incroyablement audacieuses ! Deborah Remington et Joan Miró m’inspirent aussi énormément.
> Pour en savoir plus sur l’univers de Tom Atton Moore, rendez-vous sur son site.