Imprimée sur la rétine de tout amateur de design, la table «Tulip», aussi appelée Saarinen a un véritable statut d’icône.
Elle doit sa naissance à Eero Saarinen, designer et architecte américain d’origine finlandaise. Petit prince de l’aristocratie du design du XXe siècle, il n’est autre que le fils de Loja Saarinen, artiste textile, et Eliel Saarinen architecte reconnu et directeur de la Cranbrook Academy of Art, vénérable université américaine dont sont sortis un certain Charles Eames, Harry Bertoia, ou encore Florence Knoll.
Après avoir étudié la sculpture à Paris et l’architecture à Yale, il prend le chemin de Cranbrook, où il fait la rencontre de Charles Eames. Tous deux travaillent côte à côte notamment sur la «Organic Chair» éditée par Vitra, à l’occasion d’un concours en 1940, «Organic Design in Home Furnishings», organisé par le MoMA.
Très proche de Florence Knoll, protégée de son père, il fait son entrée dans la célèbre maison d’édition grâce à celle-ci.
Obsession du pied et maison de poupée
Chez Knoll, le designer s’attaque à une de ses obsessions, ou plutôt à une de ses aversions : les pieds des chaises et des tables. Pour balayer ce qu’il considère comme un encombrement visuel, il travaille sur des centaines de dessins et de maquettes qu’il installe dans des maisons de poupées pour apprécier au mieux l’effet de ses créations dans l’espace.
S’appuyant sur sa formation de sculpteur, Eero Saarinen affine son design à travers des modèles grandeur nature, modifiant sans cesse la forme avec de l’argile. « Ce qui m’intéresse, c’est quand et où utiliser ces formes plastiques structurelles. En approfondissant encore plus les différentes possibilités, on découvre que de nombreuses formes différentes sont tout aussi logiques – certaines laides, d’autres excitantes, certaines terrestres, d’autres planantes. Les choix deviennent vraiment le choix d’un sculpteur », déclarait-il.
Les maquettes grandeur nature sont devenues des meubles. Avec sa famille et ses amis jouant le rôle de «cobayes», Saarinen les teste dans la salle à manger et le salon de la maison Saarinen à Bloomfield Hills.
En 1957, «The Pedestal Collection», mais aussi la chaise et la table «Tulip» étaient nées. Leur particularité ? Ce pied unique à la base large, mais qui gagne en finesse avant de se fondre dans l’assise, habillée par un coussin en tissu coloré, ou dans l’imposant tableau en marbre.
Une vraie légende du design, aux accents Space Age, dont l’éditeur à l’occasion de la dernière édition des Designer’s Days, a dévoilé une toute nouvelle version.
En effet, pour ses 85 ans, Knoll coiffe la fameuse table Tulip d’un nouveau plateau : « Cristallo Dark Blue». Il s’agit non pas de marbre, mais de quartz naturel à fond blanc recouvert de veines allant du bleu clair au bleu profond. L’occasion de réinventer cette table à l’allure inimitable.