Surfant sur la tendance, le cuir se met au vert

Apprécié autant que décrié, le cuir séduit toujours. Désormais matière à réflexion et à investigation, il s’offre aujourd’hui un avenir radieux avec une dimension écoresponsable.

À l’heure où respect et protection de la biodiversité sont devenus des impératifs, on pourrait penser que l’intérêt pour le cuir se réduirait comme peau de chagrin. Il n’en est rien et les éditeurs de l’univers de la maison au sens large restent de fervents amateurs et un soutien de la filière.


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Suspension Terminal, en marbre et sangle de cuir, design Attila Veress (Luce di Carrara).
Suspension Terminal, en marbre et sangle de cuir, design Attila Veress (Luce di Carrara). DR

Pour autant, agissent-ils sans avoir conscience que l’emploi de cette matière peut avoir quelques relents sulfureux ? Bien sûr que non. Ils sont d’ailleurs nombreux à s’être emparés du sujet pour affirmer leurs valeurs de respect de l’animal et de l’environnement. À l’exemple de Poltrona Frau qui, depuis 1912, a fait du cuir sa marque de fabrique. L’entreprise italienne a développé un écosystème pour offrir au consommateur les plus beaux du marché en garantissant leur production et leur utilisation dans les meilleures conditions – elle dispose, pour atteindre cet objectif, d’un laboratoire spécifique interne, le ­Poltrona Frau Style & Design Centre.

Fauteuil club et pouf carré Serge, en cuir boutonné, design Pierre Gonalons (Duvivier ­Canapés).
Fauteuil club et pouf carré Serge, en cuir boutonné, design Pierre Gonalons (Duvivier ­Canapés). Didier Delmas

Après trente ans de recherches, il a ainsi donné naissance au Pelle Frau ColorSphere Impact Less, « un cuir tanné sans chrome qui réduit le recours aux produits chimiques de 15 % et la consommation d’eau de 10 % », et de 10 % les émissions de CO2, compensées. Chez Hermès, autre marque indissociable de cette matière, le travail est mené avec les partenaires en amont de la filière (tanneurs, mégissiers, fournisseurs de peaux). La mise en place d’une charte de bientraitance animale et la création d’un comité en 2019 encadrent la production.

Sac MS.86 Ulva, en matériau composé à 100 % d’algues vertes, bio­dégradable, assemblé à l’eau, Prix Liliane ­Bettencourt pour ­l’Intelligence de la Main – Dialogues 2022 (Studio ­Samuel Tomatis).
Sac MS.86 Ulva, en matériau composé à 100 % d’algues vertes, bio­dégradable, assemblé à l’eau, Prix Liliane ­Bettencourt pour ­l’Intelligence de la Main – Dialogues 2022 (Studio ­Samuel Tomatis). Marin Avram

Giobagnara, spécialiste italien du cuir en décoration a, de son côté, via sa griffe d’accessoires Rudi, travaillé le cuir Tecnocuoio, une matière provenant des chutes de cuir à tannage végétal, notamment associées à du latex et à des graisses naturelles. Parmi les pistes pour une alternative au cuir naturel, les matières véganes font leur percée : issues de la pomme comme l’Apple Ten Lork, présenté par Cassina et Philippe Starck en 2019 ; composées de chutes d’ananas (Piñatex), de champignons ou d’algues, à l’exemple du projet Alga amorcé en 2016 par le designer Samuel Tomatis… Pour sauver sa peau, le cuir devra faire sa mue.


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