Sur la Côte d’Azur, un beach club mythique retrouve son audace grâce à Dorothée Delaye

À Monaco, le Monte-Carlo Beach Club rouvre ses portes après rénovation, orchestrée par Dorothée Delaye. Au programme : hommage vibrant aux Années Folles, mobilier sur mesure et saturation méditerranéenne maîtrisée. Le tout dans un esprit de liberté visuelle assumée, où la Côte d’Azur redevient décor de cinéma.

Presque centenaire, le Monte-Carlo Beach Club n’est pas une simple adresse balnéaire mais fait partie du patrimoine culturel de la Riviera, un nom qui évoque autant les plongeons de stars que les fresques de Jean Cocteau. Pour sa nouvelle vie, la décoratrice Dorothée Delaye livre une relecture à la fois théâtrale et précise, où les références aux Années Folles ne servent pas de toile de fond mais de moteur narratif. Plutôt que de lisser l’identité du lieu, elle en accentue les aspérités : matières généreuses, couleurs affirmées, rythmes visuels qui frôlent parfois l’exubérance sans jamais perdre en élégance.


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Des références artistiques en filigrane

L’ombre portée des grands artistes de la Riviera, de Picasso à Fernand Léger en passant par Raoul Dufy et Jean Cocteau, plane sur les volumes, non pas comme des figures imposées, mais comme un arrière-plan mental. Le projet s’autorise à penser en images, et à puiser dans ce répertoire joyeux, festif, solaire, ce que l’époque contemporaine a parfois tendance à contenir. Les lignes chantent, les matériaux vibrent, les détails appellent la curiosité. Le Monte-Carlo Beach Club retrouve une forme d’abondance maîtrisée, dans laquelle chaque excès a été pesé, mesuré, affirmé.

L’architecte d’intérieur ne cherche pas pour autant à figer un âge d’or. Elle le rematérialise dans le présent, par un geste généreux et incarné. Rien n’est trop, parce que tout est construit avec précision. Et si ce projet fait impression, c’est précisément parce qu’il ne s’excuse pas de vouloir séduire. Il assume pleinement ce que l’architecture et le design peuvent encore faire : fabriquer du désir, de la mémoire et du plaisir !

Un langage Riviera, du mobilier jusqu’aux cabanas

Dorothée Delaye signe ici l’ensemble du mobilier : des assises du restaurant aux daybeds bordant la piscine olympique. Pas de citations faciles, mais un vocabulaire nourri de modernisme balnéaire, d’arts décoratifs décomplexés et de clins d’œil aux lignes méditerranéennes. Le bois, les tissus à motifs, les métaux chauds et les palettes chromatiques franches dialoguent avec la lumière crue du bord de mer, comme si la décoration avait été composée en contre-jour.

La grande réussite de Dorothée Delaye ?Avoir tricoté passé et présent sans tomber dans le pastiche. Les matériaux sont nobles, les lignes tantôt tendues, tantôt nonchalantes, les motifs – parfois démesurés – embrassent joyeusement la lumière de la Côte d’Azur. Les transats et cabanas deviennent des objets de désir, taillés pour des siestes cinématographiques.

À Monte-Carlo, entre palmiers et souvenirs, la French Riviera retrouve un peu de ce qu’elle a toujours su faire de mieux : magnifier l’instant présent.


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