Dans la maison de Jean Cocteau, deux expos célèbrent son immortelle magie

La poésie est immortelle : c’est ce que l’on ressent dans la demeure de Jean Cocteau, située à cinquante kilomètres de Paris et écrin de ses inspirations qu’il entoura d’un jardin forcément secret. Elle est actuellement le théâtre de deux expositions à voir absolument.

Fête foraine

Cette poésie flotte dans le lieu chargé d’âme, comme une fragrance impossible à déloger. C’est donc ce message que transmet la commissaire d’exposition Anne le Diberder avec ce « bestiaire enchanté » scénographié par Frédéric Beauclair. Lequel a remis en scène avec beaucoup de délicatesse les mythes que l’ex-maitre des lieux a si magistralement interprétés : sphinges, sirènes, cheval de manège côtoient des tapisseries à décors de volutes ou de motifs léopards, chers à Madeleine Castaing. Mobilier à cornes et chaises à piètement animal ne sont pas sans évoquer La Belle et la Bête, un des chefs-d’œuvre de celui qui excellait à abolir les frontières entre le monde animal et humain.

Avec « Étonne-moi ! Parade, une histoire de ballet », c’est une autre passion du poète qui est ici révélée : la danse. Retour sur ce ballet baptisé Parade que l’auteur du « Sang du poète » créa en 1915, sur une commande de Serge de Diaghilev, directeur des ballets russes. Ici, panneaux et vidéos du spectacle replongent dans les décors et les costumes de Pablo Picasso, dans la musique d’Erik Satie sur laquelle Léonide Massine a orchestré sa chorégraphie, une parade qui se déroule devant un théâtre abritant une fête foraine. Ce show dans le show est une subtile réinterprétation du monde du spectacle, de la poésie et de la féérie. Peut-être aussi de ce temps et de cette jeunesse, si fière, qui passent…

Un cadre de vie

Jean Cocteau achète cette demeure du XVII^e siècle adossée au Château de la Bonde en 1947, dans cette petite ville célèbre pour ses herbes aromatiques. Il écrit : « A Milly, j’ai trouvé la chose la plus rare au monde, un cadre. » Mais surtout il y trouve le refuge idéal pour échapper au tumulte de la vie parisienne. Dans cette maison poétique comme un cabinet de curiosités, et qui se visite depuis 2010, rien ne semble avoir bougé comme si le poète était parti faire un tour en forêt avant l’heure du thé. Tout y est, jusqu’aux encriers et porte-plume dans son bureau, aux canaux, arbres fruitiers et rosiers dans son jardin. Cette exposition, qui s’inscrit dans le cadre de la restauration du rideau de scène soutenu par le Centre Pompidou à l’opéra de Massy, sera itinérante à partie de novembre 2022.