Parler écologie sans défaitisme ? C’est le défi que se sont lancés il y a deux ans, Pauline Leyravaud et Charlotte Tarbouriech en fondant Polcha. Un studio créatif qui, face à la consommation excessive de notre époque et les déchets qu’elle engendre, prouve avec brio qu’il est possible de sensibiliser et de créer sans produire.
A lire aussi :
Réunissant leur expérience individuelle dans l’art et dans la mode, les deux amies livrent un nouveau regard sur la création, transportant le spectateur vers un univers visuel coloré et plein de possibilités. Une démarche expérimentale et identitaire que le studio explore dans tous les champs du design.
Trouver la créativité dans la contrainte
À l’heure où les objets souffrent de l’obsolescence programmée, Polcha ravive l’idée de créations pérennes que l’on valorise et entretient par sentiment. L’upcycling est alors l’un des piliers essentiels dans leur processus. Si pour certains créer à partir de l’existant est une contrainte, pour le tandem c’est une source inattendue de créativité et d’expériences en tout genre. Décors de scénographie, matériaux usagés, objets chinés deviennent un support pour créer des collections et des projets qui détonnent. Leurs parcours individuels vont ainsi insuffler une nouvelle vie à ses éléments récupérés.
Ancienne designer de souliers, Charlotte emmène les créations vers de nouvelles formes, jouant sur la lumière et les textures, tandis que le regard pictural de Pauline bouscule le spectateur par des trompe-l’œil et des déformations visuelles.
L’esthétique est ainsi une force qu’elles cultivent pour sensibiliser aux enjeux écologiques à travers des couleurs pêchues et joyeuses, et par des thématiques qui font aujourd’hui l’identité de Polcha. Si la première collection Origin joue sur le trompe-l’œil de la pierre, c’est l’univers aquatique qui guide désormais chaque projet.
L’ondulation des vagues, les jeux de reflet et les lignes graphiques sont autant d’éléments qui, par le trompe-l’œil, permettent de créer une double lecture dans leur création. « Avec cette technique, les traits dessinés viennent ainsi se mêler à la silhouette du mobilier. C’est un jeu visuel qui brouille notre perception et donne une nouvelle dimension à l’objet ».
Vers de nouvelles expériences matérielles
Chaque projet et collection du studio est une expérience, une aventure qui mène Polcha vers de nouveaux champs créatifs. Avec le salon de mode Tranoï, les deux créatives dirigent leur démarche vers la scénographie. Récupérant des chutes de tissus de manufactures textile, elles parviennent à mettre en valeur des centaines de designers dans une atmosphère joyeuse et colorée. C’est une nouvelle compétence de décoration qu’elles poussent davantage avec l’hôtel Greet, un établissement qui, sous son air californien, cache une décoration réalisée à partir de matériaux existants et de mobilier chiné.
Des prouesses, Polcha ne cesse d’en réaliser. Sa prochaine ambition ? La création d’une collection de mobilier végétalisé, qui, de sa conception à sa fin de vie, s’inscrit dans un cycle vertueux. Un projet qui se dessine doucement au fil de ses rencontres. En attendant de le découvrir, le duo nous fait patienter avec sa prochaine collection, présentée lors de la Design Week de Milan 2023, à Alcova. Une série de carreaux de terre émaillés inspirée de la mer, qui se module à l’infini, tant en carrelage que sur du mobilier en céramique dessiné par le studio. Rendez-vous en avril pour le Salone del Mobile 2023 !