Studio Emmaüs met les designers au service de l’économie circulaire

Les trois ateliers du Studio Emmaüs ne cessent de mettre leur créativité au service de l'économie circulaire. IDEAT a rencontré ses deux instigatrices : Eugénie de Larivière, designer et créatrice de l’atelier Les Résilientes, et Anne Caillebotte, coordinatrice du Studio Emmaüs.

Vous souvenez-vous du premier objet que vous avez acheté chez Emmaüs ?
Eugénie de Larivière : Quand j’étais petite, ma mère m’emmenait souvent chez Emmaüs et je pense aujourd’hui que mes jouets d’enfants venaient de là-bas.

Comment vous est venue l’idée de créer l’atelier Les Résilientes ?
Eugénie de Larivière : Je suis designer de formation et, depuis 2015, j’ai commencé à travailler en tant que bénévole chez Emmaüs. Ce projet d’atelier a mûri dans ma tête pendant plusieurs années en se nourrissant des rencontres et de mon attrait pour les objets. Au final, ce fut une véritable collaboration avec Emmaüs Alternatives [la structure chargée de l’insertion des personnes en grande difficulté sociale, NDLR], nous avons travaillé main dans la main pour lancer ce projet en 2017.

Résilience pour les hommes et les matériaux

Que signifie le nom donné à votre atelier Les Résidentes et pourquoi est-il au féminin et au pluriel ?
Eugénie de Larivière : Déjà, il faut savoir que Les Résidentes accueille autant les hommes que les femmes. Le nom Les Résilientes ne vient pas du fait que nous sommes un groupe féminin, mais un collectif qui crée des objets dont les collections sont résilientes, c’est de là que vient le féminin pluriel. En psychologie, le terme résilient signifie se relever d’un choc. Pour les matériaux, cela se traduit par leur capacité à résister à un coup et à retrouver une nouvelle forme. Pour les humains c’est leur capacité à se relever d’une blessure émotionnelle. Les valeurs que prône Emmaüs Alternatives m’ont semblé se refléter dans ce terme…

Création textile dans l’atelier des Résilientes.
Création textile dans l’atelier des Résilientes. Craquelin

Peut-on considérer Les Résilientes comme un studio de design pédagogique ?
Eugénie de Larivière : Aujourd’hui, nous sommes une équipe composée de cinq personnes en insertion, de Géraldine, designer textile et de moi-même. Il n’y a pas de hiérarchie entre nous et les personnes en insertion. Nous travaillons ensemble autour de projets communs. Chacun apporte sa sensibilité, ses capacités et son expérience pour créer. Nous organisons de temps en temps des conférences pour partager notre philosophie et notre expérience, et mettre en valeur le rapport humain qui nous est essentiel. Nous collaborons aussi avec des écoles de design comme l’ENSAD ou l’ENSCI, dont les professeurs sont sensibles à notre travail et transmettent une démarche éthique à leurs étudiants.

Un éveil social

Quelle est l’identité des Résilientes en termes de design ?
Eugénie de Larivière : Au sein de notre atelier situé dans la Ressourcerie, nous récupérons des objets qui sont invendables. Dans une démarche de réemploi, nous repensons leur usage, nous résolvons des problèmes : c’est un éveil social. On nous dit souvent que, pour de l’Emmaüs, les prix sont trop chers. Présentés dans des galeries de design, ils paraîtraient au contraire trop peu onéreux… Dans ma démarche, je ne me demande pas qui pourrait acheter ces objets mais plutôt d’où ils viennent, comment ils ont été fabriqués et transformés, où, par qui et dans quelles conditions ils ont trouvé une seconde vie.

Collaborez-vous avec des entreprises ?
Anne Caillebotte : Actuellement, nous collaborons avec l’éditeur de tissus Madura, qui fournit des textiles aux Résilientes pour lancer une gamme de coussins à Noël. Nous collaborons aussi avec des designers tels que Ionna Vautrin, Ferréol Babin ou encore le Studio 5.5 sur des collections de petit mobilier et objets. Les designers à qui nous faisons appel pensent les nouveaux produits de manière à faciliter l’apprentissage des personnes en insertion sur les machines de menuiserie ou de textile. Le savoir-faire du Studio Emmaüs ne se restreint pas au design de produit, nous avons conçu des projets de plus grande envergure, des scénographies, des intérieurs pour particuliers, un aménagement pour les locaux du LCL et de La Maison du Vélo de Lyon Ces projets de design d’espace ont un impact social et environnemental positif et matérialisent l’identité du Studio Emmaüs sous la forme d’une insertion par le design.

Agencement de la Maison du vélo de Lyon.
Agencement de la Maison du vélo de Lyon. guillaume poignon
Agencement des locaux du LCL par l’Atelier Emmaüs.
Agencement des locaux du LCL par l’Atelier Emmaüs. guillaume poignon

Quels sont vos objectifs pour accroître la visibilité du Studio Emmaüs et mettre en valeur le travail des trois ateliers ?
Anne Caillebotte : L’atelier Emmaüs de Lyon a développé sa propre boutique en ligne et nous souhaitons désormais élargir ce type de vente aux autres ateliers. Mais ce qui nous intéresse davantage, c’est le facteur humain et le rapport à la matière. Nos deux boutiques physiques à Paris exposent nos créations, ce qui est un moyen plus direct de transmettre notre philosophie aux acheteurs. Par le biais d’ateliers « We can do », nous proposons aux personnes sensibles à la conception éco-responsable, de venir créer des objets de notre catalogue.

> Les objets du Studio Emmaüs sont disponibles sur leur boutique en ligne ainsi qu’à la boutique du Musée des Arts décoratifs ; à la boutique ‘Les Résilientes x Emmaüs Alternatives’ : L’Alternative, 13 Rue Léopold Bellan, 75002 Paris et également à la boutique ‘Les ReCréateurs x Emmaüs Défi » : 1O4 rue d’Aubervilliers / 5 rue Curial, 75O19 Paris.

Des artisans en insertion lors de la conception du meuble Henri en aggloméré recyclé.
Des artisans en insertion lors de la conception du meuble Henri en aggloméré recyclé. guillaume poignon
En intérieur comment en extérieur, le meuble Henri de Lisa Lejeune s’adapte à tous les besoins.
En intérieur comment en extérieur, le meuble Henri de Lisa Lejeune s’adapte à tous les besoins. guillaume poignon
Les compositions modulables du meuble Henri de Lisa Lejeune.
Les compositions modulables du meuble Henri de Lisa Lejeune. guillaume poignon
Décliné entant que table de chevet, le meuble Henri de Lisa Lejeune.
Décliné entant que table de chevet, le meuble Henri de Lisa Lejeune. guillaume poignon
Sur Henri de Lisa Lejeune, un portrait de son artisan signe le meuble.
Sur Henri de Lisa Lejeune, un portrait de son artisan signe le meuble. guillaume poignon
Composition de Patères du Studio 5.5.
Composition de Patères du Studio 5.5. Simon Boldrini
Lampe Georges, coloris orange maloya de Ferréol Babin.
Lampe Georges, coloris orange maloya de Ferréol Babin. Simon Boldrini
Étagère Lucie de Lisa Lejeune.
Étagère Lucie de Lisa Lejeune. Simon Boldrini
Statuettes zoomorphes Smala de Ionna Vautrin.
Statuettes zoomorphes Smala de Ionna Vautrin. Simon Boldrini
Statuettes anthropomorphes Smala dessinées par Ionna Vautrin.
Statuettes anthropomorphes Smala dessinées par Ionna Vautrin. Simon Boldrini
Collier-cravate.
Collier-cravate. Les Résilientes
Bout de canapé Les Cultivées.
Bout de canapé Les Cultivées. Les Résilientes
Patères Buffalo.
Patères Buffalo. Les Résilientes
Lampe Les Cintrées.
Lampe Les Cintrées. Les Résilientes
Coussin en cachemire recyclé.
Coussin en cachemire recyclé. Les Résilientes