Des murs en béton brut strié sur lesquels affleurent, çà et là, des impacts de balles et auxquels s’accrochent des vestiges de peinture blanche écaillée… Devant ce paysage dévasté, dans un dialogue schizophrénique, ont été installées étagères en cuivre, tables revêtues de marbre et une banque d’accueil en albâtre. Au cœur de Beyrouth, sur la très chic avenue Foch, cette débauche de détails luxueux vient contredire la désolation qui émane des arrière-plans. Isabelle Stanislas a déroulé dans le nouveau concept-store Le66 son style de narration sans détour, à travers un discours qui lui tient à cœur. « J’ai voulu faire réapparaître l’histoire de Beyrouth, une ville très branchée mais qui assume aussi son histoire. Pour cela, j’ai tout décapé et ôté le marbre blanc du sol pour revenir au passé de cet immeuble », résume l’architecte d’intérieur dont la réalisation se cache derrière une façade traditionnelle classée. À une époque ultranomade et pour respecter l’identité du lieu, Isabelle a travaillé sur l’idée des installations : « Installation artistique d’abord, installation lumineuse ensuite avec ce jeu de mikado signé du duo de designers beyrouthins David & Nicolas dans les escaliers. Installation de meubles, enfin, qui ne sont pas scellés au mur et que l’on peut ainsi déplacer, comme des modules à combiner. Ils sont réalisés pour la plupart en Plexiglas, dans l’idée de s’effacer derrière le lieu et les sublimes collections », raconte l’architecte. Ici, elle a travaillé la circulation, la fluidité, la lumière, « pour donner l’envie de se promener autour des îles qui composent le magasin ». Une architecture sensorielle basée sur les émotions et l’expérience. Une vision indispensable à l’ère du web où réinventer la magie du shopping constitue la gageure des années à venir… Cette révolution passera par des lieux comme Le66.
Le66 Beyrouth
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