« Sing-Thing », à la découverte de l’univers personnel et joyeux d’Adi Goodrich

La designer californienne, connue pour ses réalisations d’architecture d’intérieur sémillantes, lance sa propre ligne de mobilier. Au programme, des pièces sculpturales truffées de références aux grands noms du design et à son propre parcours.

Une installation dans les bureaux d’Instagram, une boutique aux accents surréalistes DREAMS , une charmante épicerie Wine and Eggs, un clip pour le morceau «Break Thru» du groupe Dirty Projectors, Adi Goodrich a plus d’une décennie de projets à son actif mais il lui manquait quelque chose. « En tant que set designer, vous ne faites souvent que des choses qui restent sur un écran ou un panneau. Je souhaitais créer quelque chose que le public pourrait installer dans son salon », explique-t-elle. « Sing-Thing » est aussi un moyen pour cette fille d’architecte et d’antiquaire, qui a grandi dans un atelier où l’on travaillait le bois, d’opérer un véritable retour aux sources.

Du Corbusier au South-Side de Chicago

La collection Sing-Thing est la première de l’Américaine. A droite, The Egg Pendant.
La collection Sing-Thing est la première de l’Américaine. A droite, The Egg Pendant. Chantal Anderson

Pour sa toute première collection signée « Sing-Thing », Adi Goodrich dévoile « The Frunchroom », un véritable catalogue de références aussi pointues que personnelles. Celui-ci rend hommage aux silhouettes, matériaux et personnages issus du mouvement L’Esprit Nouveau ( qui était aussi une revue fondée par Le Corbusier et Amédée Ozenfant ), mais aussi à Lina, une amie de la créatrice, qui a eu un rôle fondamental dans sa vie.

Un mélange de références aux icônes académiques et  à son parcours personnel, qui va puiser son nom du côté du South-Side de Chicago. En effet, dans les quartiers sud de la Windy City, « Frunchroom » évoque la « front room », qui désigne un espace de retrouvailles familiales où sont regroupés « les biens les plus précieux » et qui, généralement, est le théâtre des moments les plus heureux.

Travaillée dans du bois de cerise et du laminé, cette collection comprend deux tables baptisées « Lina » et « Dorothy Daisy », l’assise « Duality Dining Chair », la table d’appoint « Sketti », deux luminaires « Egg » un sur pied à poser et un second à suspendre, le vase « The Not a Knot vase » conçu en collaboration avec le céramiste Becki Chernoff, le miroir « Juju », et enfin une chaise de lecture, qui, précise Adi Goodrich n’est pas un rocking chair.

Pleine d’humour, la designer décrit cette collection comme une peinture de Sophie Taeuber-Arp, (peintre suisse issue des mouvements Dada et surréalistes), « qui serait tombée sur une table de Charlotte Perriand, c’est l’âme de Sing-Thing ».

Des pièces responsables

A gauche, table d’appoint Sketti-A. A droite, The Reading Chair
A gauche, table d’appoint Sketti-A. A droite, The Reading Chair Chantal Anderson

Inspirée par et conçue pour les esprits créatifs, Sing-Thing est aussi présentée comme « une célébration décalée d’objets anticapitalistes, car la production est honnête et locale». Pour donner naissance à chaque pièce, Adi Goodrich a utilisé des feuilles de contreplaqué de quatre pieds sur huit, (à peu près 120 sur 240 cm) accompagnée d’une petite équipe de collaborateurs dans son studio de Los Angeles, à peine plus grand que la feuille de contreplaqué en question.

« J’appelle cela mon approche féminine à la Enzo Mari, en référence à Autoprogettazione». Adi Goodrich évoque ici un chapitre important du design du XXe siècle, soit une série de meubles, relativement simples à réaliser, pensée en 1974 par le maître italien, dont les plans sont accessibles à ceux qui souhaiteraient les réaliser, à l’aide de planches de pin pré-fraisées.

Pour les prochaines collections, elle promet des productions resserrées, lentes et régulières, conçues à la main, et on l’espère autant de références truculentes. Affaire à suivre.