En 2006, frais diplômé de l’Osaka Sogo College of Design, Shigeki Yamamoto déménage en Allemagne. Il s’y forme à l’ébénisterie pendant quatre ans, avant d’ouvrir son studio à Berlin. En 2015, son premier projet connu est une lampe, Light Tree, un enchevêtrement de fins montants de chêne. Cette arborescence se termine par quatre sources lumineuses orientables contenues dans de petits caissons de bois et reliées au tronc par des fils rouges.
Quand il élabore des formes en travaillant le bois, Yamamoto laisse en fait affleurer ses souvenirs. « Nous n’avons pas à les trier. Aussi souvent que nous rencontrons un objet, une odeur ou un goût, ils nous rappellent illico quelque chose de spécial. Faire du mobilier, c’est très similaire », explique-t-il. Indifférent à l’effet, le designer veut simplement susciter un sentiment positif. Ses créations, les buffets par exemple, font penser au jeu de Meccano. Ça lui fait plaisir que ça nous fasse plaisir… même si lui-même n’y a jamais joué !
Œuvres utilitaires
Le mobilier qu’il crée naît parfois d’un dessin ou est conçu sans plan préétabli. Pas étonnant qu’on retrouve à la galerie milanaise de l’éclectique Rossana Orlandi son buffet Play Sideboard, sorte de version Meccano de la symphonie de sections de bois coupé qu’est le cabinet culte Elling (1919), de l’architecte néerlandais Gerrit Thomas Rietveld, récemment réédité par Cassina. Alors, art ou design ? Malgré le caractère arty de sa cloison décorative Chalk Cactus en bois coloré, Shigeki Yamamoto préfère ne pas être catégorisé dans un domaine plutôt qu’un autre. « C’est à vous de décider », botte-t‑il en touche.
Le plus important pour lui est que ses objets fassent partie intégrante de la vie de leurs propriétaires. En fait, il n’aime pas particulièrement le design « arty », surtout si, acquis tel un trophée, il est « destiné à prendre la poussière » (sic). En tant que designer, il voit son travail comme une suite d’objets destinés à être utilisés. Et leur auteur n’en est que plus satisfait si ceux-ci font (aussi) sourire.