[Mise à jour] Les organisateurs du Salon de Milan ont annoncé qu’ils prendraient finalement une décision fin avril quant à sa tenue ou non. Dans un courrier adressé aux exposants, le président Claudio Luti a ainsi garanti que « toute décision future sera prise en gardant d’abord à l’esprit la sécurité des participants et la fluidité des opérations. Début avril, nous serons en mesure de prendre une décision définitive en coopération avec les autorités. »
Dans un contexte où la contagion du Coronavirus gagne toute l’Italie et où toutes les grandes manifestations internationales comme Light+Building à Francfort, Art Basel à Hong Kong ou le Mobile World Congress à Barcelone sont annulées, le Salone del Mobile a annoncé le 25 février le report de l’événement du 16 au 21 juin prochains. Il devait initialement avoir lieu du 21 au 26 avril. Avec l’émergence d’un foyer d’infection autour de Milan, la donne a radicalement changé ces derniers jours. Mardi soir, c’est le maire de Milan, Beppe Sala, qui a pris la parole afin d’annoncer cette décision.
We won’t stop. We can’t stop. Salone del Mobile.Milano will be held from 16th to 21st June at Rho Fiera Milano, hear @BeppeSala, Mayor of #Milano, to know more#SaloneDelMobile #SaloneDelMobile2020 #iSaloni #Eurocucina #SaloneDelBagno pic.twitter.com/Qanh1W1w4Z
— Salone del Mobile (@iSaloniofficial) February 25, 2020
Cette décision est lourde de conséquences puisque le Salone aura lieu en même temps que Art Basel, la Jérusalem Design week, la Barcelona Design week et juste avant Design Shanghai, qui a lui aussi été reporté…
Rappelons que le MIDO, principal rendez-vous mondial des lunetiers, qui devait se tenir à Milan a lui aussi été annulé et que la fashion week a considérablement pâti de l’épidémie. Par ailleurs, beaucoup d’usines d’éditeurs italiens sont situés en Lombardie et en Vénétie, les régions les plus touchées de la Botte. Dans ce contexte, les fabricants étaient nombreux à demander le report du Salone, afin d’éviter qu’il ne tourne à la catastrophe commerciale. Des réunions de concertation ont eu lieu ces derniers jours avec les actionnaires et les autorités gouvernementales afin de statuer sur les mesures à prendre.
Située à deux pas de Sant-Ambrogio, la plus vieille église de Milan, l’Universita Cattolica de Milano accueillait mercredi 12 février la conférence de lancement de l’édition 2020 du salon du meuble de Milan. Claudio Luti, qui préside à la fois la foire et l’éditeur Kartell, a dévoilé les derniers chiffres dans la salle d’apparat : 2 200 exposants présenteront sur 150 000 m2 leurs dernières nouveautés du 21 au 26 avril 2020. La foire accueille cette année EuroCucina, son hall entièrement consacré aux cuisines, dont la section FTK (Technology For the Kitchen) montrera une vision futuriste de cette pièce. Quant au mobilier de bureau, il se concentrera sur Workplace 3.0, un hall dédié. Repaire des jeunes designers, la section Satellite sera, elle, axée sur l’inclusion avec des projets de 600 designers qui visent autonomie, confort, mouvement, ergonomie, interaction… Rappelons que des pointures comme Matali Crasset, Konstantin Grcic ou Patrick Jouin ont lancé leur carrière sur Satellite…
Cette 59e édition s’est donné pour slogan « Designing Beauty », un mot d’ordre un peu générique qui comprend néanmoins un engagement grandissant dans le développement durable. « Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est une approche éthique du design qui réponde aux attentes des jeunes générations, plus intéressées que jamais par les valeurs intrinsèques de l’objet », a défendu Claudio Luti. Las de jeter à la poubelle les éléments de ses stands, l’éditeur Moroso a ainsi décidé de confier à Patricia Urquiola le soin de confectionner une scénographie qui pourra être intégralement réutilisée. Cet accent mis sur l’écologie devrait également être présent à l’lnternational Bathroom Exhibition où les fabricants visent tous la réduction de la consommation d’eau.
Au-delà de sa foire – qui a attiré à elle seule 400 000 visiteurs en 2019 –, la Milan Design Week concentrera une nouvelle fois les foules au centre-ville, dans le Fuori Salone (salon à l’extérieur en italien). De nombreux lieux historiques et demeures privées seront exceptionnellement ouverts au grand public par des éditeurs qui aiment exposer leurs meubles les plus innovants dans ces palazzi Renaissance ou rationnalistes. Le géant danois Hay s’apprête ainsi à investir l’immense Palazzo Clerici, un édifice de la fin XVIIe, avec ses nouvelles collections néo-scandinaves. Pour sa 9e participation, la griffe COS a, elle, demandé au studio d’architecture ecoLogicStudio de dessiner une structure qui fera la passerelle entre sciences et design, urbanité et nature. Installée au Palazzo Isimbardi, elle s’inspirera aussi des travaux de Léonard de Vinci sur le réseau d’eau milanais. Hermès, dont les mises en scène attirent toujours les foules, dévoilera ses nouveaux objets pour la maison et papiers peints dans le musée fin XIXe de La Permanente.
Autre édifice incontournable du centre milanais, le Palazzo Litta verra son patio envahi par un pavillon de l’architecte portugais Manuel Aires Mateus, tandis qu’à deux pas, l’Institut français accueillera une exposition de Constance Guisset. Et le maestro Andrea Branzi dévoilera une autre facette de son talent avec 15 sculptures au centre d’art Assab One. Mais l’événement le plus attendu de ce Fuori Salone, c’est Alcova. Depuis 2018, il s’empare de lieux abandonnés aux confins de la ville pour présenter le meilleur du design contemporain (éditeurs, créateurs, écoles, institutions…) sélectionnés par les curateurs Valentine Coffi et Joseph Grima. Après l’ancienne usine de panettone et l’atelier de métallerie à l’abandon, place cette année à un immense hôpital religieux désaffecté, entièrement envahi par le design, jardins compris…