Prouesse de 35 mètres de hauteur sous voûte (56 mètres au clocher) supportée par 24 piliers en forme de V, l’église Notre-Dame se coule elle aussi dans un voile de béton. « Disciple d’Auguste Perret, l’architecte Guillaume Gillet laisse l’édifice brut de décoffrage, dans sa vérité, son économie et sa fonctionnalité », précise Charlotte de Charette. Son aspect massif ne dit rien de l’intérieur, saisissant. Le triangle du porche répond aux vitraux dessinés par Gillet. Lames posées sur tranche, leurs gris tamisent d’argent toute la nef. Qualifié à raison de gothique moderne, ce chef-d’œuvre est en cours de restauration.
Premier du genre également, le palais des congrès sur pilotis de Claude Ferret affiche un luxueux volume, agrémenté de claustras, de hublots et de terrasses. La rotonde ajourée, usinée par les frères Prouvé, devrait réapparaître au cours d’une future rénovation. Les passionnés observeront aussi la galerie Botton, pastiche dessiné par Henri-Pierre Maillard et Armand Jourdain d’un pavillon de l’architecte brésilien Francisco Bolhona ; ou la gare routière en escargot avec sa toiture déroulée sur pilotis, œuvre de Louis Simon et Pierre-Gabriel Grizet. « Ce secteur de la “Tache verte” est couronné par le stade signé Claude Bonnefoy, jamais achevé mais remarquable par ses entrées surmontées de virgules de béton et ses voûtes monumentales supportant les gradins », pointe l’animatrice. On pousse la visite jusqu’aux 24 charmantes maisons de style tropical fifties : les tout premiers préfabriqués du pays, destinés à loger les ouvriers du chantier.
Des beautés se cachent aussi dans le quartier du Parc, à l’ombre de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, inspirée d’un projet religieux d’Oscar Niemeyer. Une ruelle recèle un manifeste artistique figé dans son abandon signé Barre, avec claustras, parements de verre et de pierre, rambardes sculptées, hublots en relief, garde-corps badigeonné de bleu. Dominant la plage de la Grande Conche, la villa Ombre blanche, de Claude Bonnefoy, a été rénovée avec réussite par ses actuels propriétaires. « Sur pilotis, elle emprunte volumes et matériaux à la villa Savoye de Le Corbusier. Sa façade biseautée blanche est repérable depuis la mer », explique notre guide.
Autre coin emblématique, Foncillon présente un méli-mélo stylistique parmi lequel la tour de Louis Simon et de nombreuses villas. Certaines sont jumelées sur un plan horizontal, comme Coraline (de Jean Bauhain, René Baraton et Marc Hébrard), économique, certes, mais spectaculaire. Balata (des mêmes architectes), rehaussée sur pilotis, révèle sa gracieuse passerelle au-dessus d’un jardin japonisant. On croise aussi une maison digne de la BD Spirou (toujours du même trio), qui mêle porche de verre, brise-vue façon gruyère peint en vert et mur jaune fileté de rouge. Ou encore la résidence « Taunay », conçue par Louis Simon, repérable à son escalier en résille sur la façade.