Ron Gilad : du sang neuf chez la légende milanaise Danese

Nouveau directeur de la création de Danese, l'Israélien Ron Gilad sort tranquillement dix produits qu'il a mis en scène dans une exposition permanente autour de l’ADN de ce label historique du design italien.

Assis sereinement, clope au bec, dans le jardin du siège milanais de Danese, Ron Gilad affiche l’air du chirurgien qui vient d’opérer. « En arrivant, j’ai réduit le catalogue de 80 % », attaque-t-il. Sa mission ? Créer de nouvelles pièces tout en faisant redécouvrir les plus iconiques. L’ADN de Danese, éditeur historique du design italien, c’est l’objet du quotidien bien pensé. Il évoque les maîtres du design transalpin tels que Bruno Munari ou Enzo Mari.

Le designer israélien Ron Gilad, désormais à la direction de la création de Danese.
Le designer israélien Ron Gilad, désormais à la direction de la création de Danese.

 Ces dernières années, le label s’est davantage concentré sur le luminaire, du fait de la proximité avec le spécialiste Artemide, qui est aussi la propriété de Carlotta de Bevilacqua et de son mari Ernesto Gismondi. Ron Gilad doit donc ramener Danese vers les objets et accessoires de la vie quotidienne. « Ici, j’essaie de respecter le passé mais sans le célébrer », avoue le designer s’inspirant des valeurs de Danese.

Cendrier Cubo de Bruno Munari (Danese Milano).
Cendrier Cubo de Bruno Munari (Danese Milano). Danese Milano

Pour lui, le cendrier Cubo de Bruno Munari les incarne parfaitement. Pour commencer, le designer a créé dix pièces en fouillant dans quinze ans de ses recherches personnelles. Idées et prototypes sont remontés à la surface. Ron Gilad a ensuite organisé une exposition lors de la dernière Fiera de Milan, qui soulignait bien le lien entre ses propres recherches et l’ADN de Danese.

Les 16 animali d’Enzo Mari (1957).
Les 16 animali d’Enzo Mari (1957). Danese Milano
Calendrier perpétuel Timor d’Enzo Mari (1967).
Calendrier perpétuel Timor d’Enzo Mari (1967). Danese Milano

Montrer où il en était lui importait, sans se précipiter. Tant pis pour la presse qui attend. D’ailleurs, la Fiera pourrait avoir lieu tous les deux ans selon lui. Mais il faut produire et le montrer… « C’est le capitalisme », lâche-t-il. Chez Danese, dans la grande salle, il voulait faire sentir des choses, comme le lien entre l’objet et sa surface.

Aperçu de l’exposition permanente montée à Milan par Ron Gilad autour de l’ADN de Danese.
Aperçu de l’exposition permanente montée à Milan par Ron Gilad autour de l’ADN de Danese. Danese Milano

Dans la bibliothèque, l’exposition évoquait ensuite les formes des objets et leurs imperfections, sujet traité par Enzo Mari. Concrètement, Ron Gilad a dessiné par exemple des corbeilles à fruits, ni rondes ni concaves: « J’adore plancher sur des objets usuels et sur les perceptions qu’on en a. » Il fait reposer les fruits en suspension sur un réseau de lignes métalliques.

Coupes à fruits de Ron Gilad (Danese Milano).
Coupes à fruits de Ron Gilad (Danese Milano). Danese Milano

Pour en arriver là, le designer prend un matériau et le sculpte jusqu’à ce que sa fonction apparaisse de façon évidente. Un jour, Alison, l’une de ses amies à Los Angeles, a acheté une de ces coupes à fruits. Rapportée à la maison, sa petite fille de 3 ans lui demande : « C’est quoi ? » Elle lui répond: « C’est un bol. » « Super » répond l’enfant, même pas surprise.

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