Voyage : road trip sur les îles Lofoten, en Norvège

De passage sur les îles Lofoten, IDEAT a tenu un carnet de bord pour dévoiler toutes la beautés de ces paysages norvégiens.

Situé aux confins nord de l’Europe, l’archipel norvégien des Lofoten profite d’un climat tempéré généré par le Gulf Stream. Habitée depuis plus de 6000 ans, notamment par les Vikings, cette curiosité géologique dispose de fonds marins très riches, où la pêche a permis de forger une économie florissante. Souvent surnommé «les Alpes marines », l’archipel recèle de paysages à couper le souffle qui lui valent un statut de destination hors du commun, que des projets d’art et d’architecture viennent appuyer.


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Jours 1 & 2 : Evenes / Svolvær / Henningsvær

Ce périple nordique, praticable été comme hiver, démarre à Evenes, où se situe l’aéroport de l’archipel, situé à 200 km au nord du cercle polaire. Desservi par des vols depuis Oslo, le terminal se trouve déjà sur l’E10 qui sillonne les Lofoten.

Dans l’archipel, les sommets peuvent dépasser les 1000 mètres d’altitude.
Dans l’archipel, les sommets peuvent dépasser les 1000 mètres d’altitude. Laurent Fabre

Il faut néanmoins deux heures de route avant de gagner le pont de Raftsund, début de notre véritable incursion. Les paysages ont jusqu’ici oscillé entre campagne verdoyante et bord de mer. Désormais, des sommets se dessinent plus distinctement.

Au niveau d’Årnøya, nous empruntons une route côtière et découvrons sur la plage de Grunnfør une première architecture, planifiée dans le cadre des routes nationales touristiques. Une heure plus tard, nous faisons une pause déjeunatoire – à moins qu’elle ne soit dînatoire? – à Svolvær. Aux solstices, pas facile de s’y retrouver avec les horaires !

L’ancienne porte de livraison à Trevarefabrikken.
L’ancienne porte de livraison à Trevarefabrikken. Laurent Fabre

Une balade dans cette ville portuaire, à notre goût un peu trop touristique, permet de découvrir des œuvres de Lawrence Weiner et de Jeppe Hein «accrochées» au détour de rues.

Un avantgoût de la destination du soir, Henningsvær, à trois quarts d’heure de route de là, qui mérite une journée supplémentaire pour découvrir toute l’offre culturelle assurée par le centre d’art Kaviar Factory et le complexe multiculturel Trevarefabrikken, qui sera notre gîte pour les deux nuits à venir.

Jour 3 : Eggum / Ballstad

Riches des visites et rencontres de la journée et demie passée à Henningsvær, nous reprenons la route en direction de la pointe de l’archipel. Avant de franchir le pont de Gimsøystraumen, une halte rapide s’impose pour observer une installation de l’artiste américain Dan Graham. Ou plutôt s’immerger dans l’image du paysage reflétée par ce pavillon en verre, érigé en arc de cercle sur un site forcément choisi.

Bateaux colorés servant à la pêche à la morue et au skrei, les deux ressources halieutiques de l’archipel.
Bateaux colorés servant à la pêche à la morue et au skrei, les deux ressources halieutiques de l’archipel. Laurent Fabre

Sur le parcours du jour, les interventions d’artistes et d’architectes sont plus fréquentes et révèlent des singularités du paysage. Ainsi, l’agence 70°N arkitektur de Gisle Løkken a conçu une cabine d’observation ornithologique à Gårdsvatnet et une aire d’arrêt à Torvdalshalsen.

À  l’écart de l’E10, sur le site d’Eggum, l’artiste Markus Raetz a installé une petite sculpture qui s’aperçoit de loin sur l’étroite langue de terre qui s’étend au pied de versants abrupts.

Un sauna directement installé sur le ponton, à Hattvika Lodge.
Un sauna directement installé sur le ponton, à Hattvika Lodge. Laurent Fabre

Pour sa part, l’agence Snøhetta a imaginé un café sur le site d’une ruine historique. De retour sur la route principale, notre regard est attiré par une longue toiture semblant posée au sommet d’une colline. Il s’agit du musée Viking de Lofotr, qui documente très largement cette civilisation ayant en grande partie élu domicile dans les Lofoten.

Avis aux amateurs d’histoire ! Nous dépassons Leknes pour rejoindre Hattvika Lodge, à Ballstad, notre étape de ce troisième soir sur le site d’une ancienne pêcherie totalement repensée à l’aide de cabines à l’architecture contemporaine.

Jour 4 : Napp / Flakstad

Le dessin très dentelé de l’archipel oblige parfois à faire machine arrière, faute de ponts ou de ferrys pour traverser un fjord. Aussi, nous repar – tons vers Leknes mais bifurquons d’abord en direction de Skreda. Là, l’architecte Manthey Kula a organisé une aire de repos à la manière d’une œuvre d’abstraction géométrique, où chaque tableau devient une pièce de mobilier urbain.

Entre Flakstad et Ramberg, les plages de sable blanc et la mer turquoise.
Entre Flakstad et Ramberg, les plages de sable blanc et la mer turquoise. Laurent Fabre

Lors d’un repas, nous avons dégusté un plat à base d’algues récoltées dans l’archipel par Arctic Seaweed. La «ferme » de cette jeune structure se trouve justement sur la route, à Napp.

Présente ce jour-là, l’une des deux associées, Angelita Eriksen, nous explique : « Les Lofoten, par la pureté des eaux, disposent d’une ressource incroyable d’algues comestibles très riches en nutriments. Nos “champs” de récolte se trouvent à cinq minutes de nos locaux de séchage. »

Une tiny house au village de Ramberg.
Une tiny house au village de Ramberg. Laurent Fabre

À partir de Napp, les reliefs sont nettement plus dessinés, avec des montagnes qui semblent jaillir des eaux, et les habitations sont nettement plus espacées. À Flakstad, la plage orientée plein nord est un spot très connu des surfeurs.

Sur le rivage, une bâtisse aux allures de tente géante sert de camp de base. Dans une ambiance aux airs californiens, on peut y déguster tacos, sandwichs, burgers et salades, ou louer une planche. Dans notre cas, nous passerons même la nuit dans l’une des cabines.

Jours 5 & 6 : Reine / Moskenes / Å

La largeur de l’archipel s’est amoindrie et la route ne va dès lors sillonner que la côte sud-est. Peu avant Reine, village mille fois immortalisé par des posts Instagram, nous profitons de l’aire de repos dessinée par Manthey Kula pour partir à la recherche de l’installation, bien cachée, de l’artiste espagnole Cristina Iglesias.

Plusieurs pêcheries (rorbuer) ont été transformées en hôtels.
Plusieurs pêcheries (rorbuer) ont été transformées en hôtels. Laurent Fabre

Au hasard d’une roche, deux stèles en fonte d’aluminium ornées d’un motif de laurier semblent se jouer de la roche granitique. Nous dépassons le débarcadère de Moskenes, autre porte d’entrée dans l’archipel depuis Bodø, et filons jusqu’à Å, terme du tracé routier.

La pointe des Lofoten est encore à une dizaine de kilomètres, mais elle n’est pas accessible par voie terrestre. L’artiste italien Giulio Paolini y a d’ailleurs disposé une sculpture aux allures de colonnes antiques.

Bateaux de pêche.
Bateaux de pêche. Laurent Fabre

Nous revenons un peu en arrière pour prendre nos quartiers à l’hôtel Holmen Lofoten. Dans cette ancienne pêcherie, le présent dialogue avec l’histoire, à l’image d’un dortoir où les lits superposés deviennent des cabanes douillettes.

Au printemps et à l’automne, l’endroit organise un genre de séminaire baptisé « Kitchen on the edge of the world ». La cuisine sert d’alibi pour partager des expériences d’art de vivre que des artisans (couteliers, ébénistes) viennent transmettre. On croyait arriver au bout du monde, et c’est une terre revitalisée d’énergies très actuelles qui s’est dessinée tout au long du périple.


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