Comment avez-vous reçu ce Lifetime Achievement Award après celui de l’artiste Frank Stella, auteur d’une chapelle monumentale dans votre fondation ?
J’ai été honoré de le recevoir après ceux qui m’ont précédé (Louise Bourgeois, Robert Rauschenberg…). Au-delà de mon amitié avec Frank Stella, c’est mon respect pour son travail tellement aventureux qui m’a incité à collectionner ses œuvres…
Vous exposez des installations lumineuses de James Turrell* à la Fondation Venet, où votre art se confronte à votre collection d’art conceptuel américain. Pourquoi ?
Parce que ma fondation fait découvrir au public les artistes de ma génération qui ont en commun une œuvre d’une grande originalité qui repose sur la sobriété, le minimalisme et l’austérité qui émanent de notre époque. Ces esthétiques apparaissent dans mon travail dès la période 1961-1963, avec mes tableaux recouverts de goudron et ma sculpture Tas de charbon, qui n’a ainsi pas attendu le milieu des 60’s pour remettre en question la pratique la plus traditionnelle de l’art…
Comment concevez-vous vos sculptures in situ, qu’il s’agisse de votre œuvre de 8 mètres de haut, à New York, ou de celle de 17 mètres, à Bonn, en Allemagne ?
Je découvre souvent que mes rêves se prêtent au site de l’intervention. Je compose alors maquettes et photomontages à partir de photos prises sur place. Après l’aval du commanditaire, mon équipe réalise le projet. La sculpture d’Union Square est l’une de ces œuvres réalisées, au départ, pour moi. Mais, souvent, mes travaux trouvent une autre destination que celle de mon parc de sculptures à la Fondation. Pour Bonn, la réflexion était appropriée au lieu, avec l’aide des ingénieurs et celle de la ville… Rien à voir avec les envies d’un collectionneur.
Vos premières œuvres (1961-1965) sont actuellement à voir à l’Espace de l’art concret de Mouans-Sartoux (06). Votre travail a-t-il changé ?
Ces œuvres constitueront certainement une surprise pour beaucoup, mais si vous regardez Tas de charbon (1963) et les arcs de 200 tonnes effondrés, plus récents, ma relation au concept et à la forme est la même. On peut aussi lier Goudrons, œuvre réalisée avec mes pieds de manière spontanée et aléatoire en 1963, avec Accidents ou avec d’autres effondrements tels Angles ou Lignes droites (séries initiées à partir de 1979, NDLR) : des sculptures où l’imprévisibilité est l’un des propos essentiels.
* Du 1er juillet à fin octobre.