Quel futur imaginez-vous pour les éditeurs industriels ?
Il ne faut jamais compter sur les autres pour améliorer les choses. (Rires.) C’est la base. Les éditeurs doivent faire vivre leur modèle économique, leur équation est là. Et ce, à un moment où tous les modèles volent en éclat. On peut se dire que c’est la catastrophe. Là, pour le coup, je suis assez optimiste ou, en tout cas, heureux de vivre à notre époque. Parce que tout est en train de se reconditionner. On ne sait pas très bien où l’on va. Certains éditeurs ne gèrent plus la production eux-mêmes parce qu’elle coûte trop cher et que, finalement, ils n’ont pas développé en la matière d’expertise particulière. Ils ont une marque, valorisée ou non. Mais dès lors qu’une grande partie de leur expertise provient de l’extérieur et que les modèles économiques calent, ils sont obligés de se dire autre chose que : « Bon sang ! Quelle chaise ajouter à mon catalogue ? »
Vous avez dit : « J’ai l’impression que le monde est beaucoup plus ouvert au design que les designers ne le sont au monde. »
(Rires.) Elle n’est pas si mal cette phrase ! Je l’avais oubliée, mais je peux la reprendre aujourd’hui. Ce n’est pas du tout agressif. Ma petite expérience m’a quand même montré à quel point le monde est ouvert au design. Qu’un prêtre de 85 ans qui, à ma connaissance, n’est pas abonné à IDEAT, se dise : « Je vais demander à un designer de faire le chœur de mon église » ; qu’un chef de service de soins palliatifs en fasse de même : « Je vais demander à un designer de trouver comment aider des patients à vivre les derniers moments de leur vie » ; que des spécialistes de prothèses chirurgicales viennent aussi me voir… tout cela montre que le monde a compris l’utilité du design. Il en a même une vision large : le prêtre ne m’a pas demandé de dessiner une chaise. En revanche, quand on regarde pour une grande part la production des designers, on est sur un champ d’application relativement restreint. Ce qu’il faut retenir, c’est que le monde est ouvert au design. C’est une excellente nouvelle !
Le design, rémunéré à hauteur de 3 ou 4 % de royalties, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Que c’est mal négocié ! On est dans un monde où tout se négocie. Au moment où les modèles économiques changent, rien ne nous contraint à nous rémunérer uniquement en royalties. Cette année, je participe au lancement d’un vélo électrique. Je suis actionnaire et partenaire de la start-up qui le produit : c’est ainsi que je serai rémunéré. Il y a mille façons de créer des partenariats. Rien n’est figé.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Nous avons des projets en préparation avec Nissan, Air France, le Grand Palais et Ricard. Nous avons aussi un solo show avec la Carpenters Workshop Gallery à New York ainsi qu’une résidence privée. Nous sommes huit, très bien organisés, pour réaliser tout cela. Une organisation assez militaire, mais qui conserve une bonne ambiance. Les choses sont très calées et très structurées.
Être souvent qualifié de beau gosse dans les journaux, est-ce irritant ou amusant ?
Heu… D’abord, il est tout de même plus doux qu’on vous dise beau plutôt que vilain. Pour moi, cela fait partie du jeu. De la « sexytude » d’Elvis Presley ou de son talent musical, qui peut dire ce qui en a fait le King ? C’est un tout. Je n’ai pas l’impression – je me trompe peut-être – d’être enfermé ou objectivé dans ce rôle-là. Ensuite, je n’en sais rien, peut-être dit-on dans mon dos : « C’est vraiment une quiche, mais, au moins, il est mignon » ?