En 1968, Prisunic lance le premier catalogue de vente de mobilier par correspondance. Une révolution dans le monde la distribution qui va de pair avec une approche avant-gardiste, déclinée de la mode au graphisme et aujourd’hui célébrée par la Design Fair Paris. Réunis à l’Espace Champerret, dans le XVIIe arrondissement de Paris, plus de cent affiches publicitaires et des dizaines de supports graphiques retracent cette aventure aussi marquante que son slogan : « Le beau au prix du laid ».
Née en 1936 des suites de la crise économique de 1929, la filiale des magasins Printemps se veut dès l’origine accessible au grand public. Mais c’est à partir de l’après-guerre, avec l’engouement des Français pour le Salon des Arts Ménagers, la démocratisation de l’électro-ménager et l’apparition d’une nouvelle mode vestimentaire que Prisunic fait le pari de proposer des produits du quotidien au design 100 % contemporain, inventif, épuré et coloré. Un tournant opéré sous la direction artistique de Denise Fayolle puis de Jacques Lavaux, que la clientèle adopte presque instantanément.
Libraire parisien spécialisé dans l’illustration et les arts graphiques depuis plus de vingt ans, Michael Seksik présente pour la première fois sa collection complète de catalogues et une centaine de posters datant de 1967 à 1972. Alors que le Musée des Arts Décoratifs de Paris n’en possède qu’une trentaine, cet ensemble unique témoigne de la richesse créative de toute une époque, tour à tour incarnée chez Prisunic par les images du graphiste Roman Cieslewicz, du photographe Friedmann Haus et les meubles de designers aujourd’hui incontournables.
Associée à Isamo Noguchi, Terrence Conran ou André Putman, l’enseigne révèle aussi son esthétique novatrice à travers le mobilier personnel de la journaliste Edmonde Charles-Roux et de son mari, le politicien Gaston Deferre. A coté du lit en plastique moulé de Marc Held, de la chaise Ginger de Patrick Gingembre ou de la poche de rangement Kangourou signée Jean-Claude Maugirard, on retrouve ainsi le bureau Ozoo de Marc Berthier. Une véritable icône pop rééditée depuis l’année dernière chez Roche Bobois, pour le plus grand plaisir des nostalgiques.
> Exposition « Prisunic, le Beau au prix du laid », Design Fair Paris, du 22 au 25 novembre 2018, Espace Champerret, Paris 17e.