C’est à l’occasion du centenaire du Bauhaus qu’IDEAT a mieux fait connaissance avec le travail de DUS. Au printemps, le musée des Arts et Métiers parisien a accueilli pendant trois semaines leur TINY [BAU]HAUS. Conçue et fabriquée en impression 3D par le trio néerlandais à partir de matériaux recyclés, cette structure rend hommage à l’école allemande fondée par Walter Gropius en 1919. Hans Vermeulen (41 ans), Hedwig Heinsman (39 ans) et Martine de Wit (42 ans) ont créé DUS en 2004, guidés par une envie commune : « reconnecter le public avec l’architecture ». C’est au cours de leurs études à la prestigieuse université de technologie de Delft (TU Delft) qu’ils se sont rencontrés.
Ils sont aujourd’hui installés à Amsterdam, une ville qu’ils n’ont pas choisie par hasard : « Nous sommes tous les trois Néerlandais et, bien que nous ayons tous travaillé ou étudié à l’étranger, nous pensons qu’Amsterdam est l’endroit idéal, plaide Hedwig Heinsman. C’est une “minimétropole”, une petite ville à l’atmosphère internationale, à seulement quelques heures de train de Paris et de Londres. » L’agence compte actuellement une quinzaine de collaborateurs venus de tous horizons : designers, architectes, experts en impression 3D, programmeurs et autres Géo Trouvetou. Dans cet écosystème fertile, tout le monde inspire tout le monde : « Bien sûr, nous aimons créer des projets qui plaisent à tous, pas seulement aux clients. Et nous apprécions que nos créations deviennent plus qu’une simple réponse à une commande, qu’elles puissent allier beauté, bien-être et innovation. Qu’elles suscitent de l’émotion, mais aussi du dialogue. »
La passion de l’impression 3D
La production de DUS ne craint pas les grands écarts. S’ils ont travaillé au réaménagement de 70 000 m² dans l’aéroport Amsterdam-Schiphol, ils ont aussi imaginé un splendide flacon de parfum pour Chanel ou la façade du bâtiment provisoire de la présidence néerlandaise de l’Union européenne. Leur philosophie prend la forme d’un manifeste, égrenant des commandements et des mantras parfaitement dans l’air du temps : « Faites, testez, osez », « Souriez, savourez ce que vous faites et amusez-vous » ou encore « Agissez toujours avec un état d’esprit collectif. Il n’y a qu’un vaisseau spatial “Terre” et nous naviguons tous ensemble ».
Mais, ce qui fait la singularité de DUS, c’est la passion et l’expertise qu’ils ont développées dans le domaine de l’impression 3D. Ils en explorent avec ferveur l’immense potentiel et se sont ainsi forgé une belle renommée. Selon eux, c’est ici que l’avenir de l’architecture se joue. Pour aller encore plus loin, ils ont créé Aectual, une plateforme numérique qui produit des éléments architecturaux tels que des sols, des façades ou des escaliers sur mesure fabriqués avec des matériaux recyclables durables. En tant qu’architectes, refusant tout dogmatisme, ils mettent ainsi leur savoir-faire au service de leurs consœurs et confrères. En 2016, DUS a imaginé l’Urban Cabin, inspirée par la fameuse typologie architecturale néerlandaise et réalisée en bioplastique noir entièrement recyclable. Un espace de 8 m² pour s’extraire de la vie urbaine ou répondre à des besoins temporaires de logement, dans des zones sinistrées par exemple.
Culture du « faire »
« Nous pensons que les architectes peuvent avoir un impact plus important sur la société et jouer ainsi un plus grand rôle dans la création d’habitats pour l’avenir. C’est la raison pour laquelle nous avons créé Aectual », affirme Hedwig Heinsman. Plus récemment, pour le grand magasin Loft réaménagé par Jo Nagasaka (Schemata Architects) à Tokyo, ils ont conçu du mobilier exclusif imprimé en 3D et inspiré par les techniques traditionnelles japonaises de pliage et de tissage. Cette collaboration fructueuse a d’ailleurs été récompensée cette année par un Frame Award dans la catégorie « artisanat ».
Leur agence a des allures d’usine futuriste… Les imposants robots d’impression 3D qui occupent les lieux donnent le ton. Ici, conception et fabrication, deux univers généralement étanches, s’entremêlent dans une atmosphère peu habituelle. Rester figés derrière son ordinateur ? Très peu pour eux ! « Nous croyons au design par la pratique, explique Hedwig Heinsman. Créer des maquettes à l’échelle 1:1, des prototypes, occupe une place importante dans notre façon de travailler. Nous croyons vraiment au pouvoir du “faire”. En “faisant”, vous êtes immédiatement confronté à des défis qui vous emmènent vers de nouvelles idées. Et c’est également un outil très puissant pour communiquer avec le client, qui peut pleinement comprendre notre processus. »