Ingénieur et designer, Hubert de Malherbe s’est d’emblée spécialisé dans la conception d’espaces de vente. Sous ses airs de dandy se cache en réalité un travailleur acharné. Sa fantaisie et son humour, il les met au service d’une certaine audace dans un secteur qu’on pense a priori exclusivement porté sur le chiffre d’affaires au mètre carré. Le roi du « mall » est en réalité un créatif qui répugne à l’isolement et aux démonstrations d’ego.
En allant visiter avec lui le nouvel appartement dans lequel il a emménagé il y a quelques mois, allait-on reconnaître ces traits de caractère ? Comment sa fantaisie, son espièglerie allaient-elles trouver un écho dans ses murs ? Un intérieur révèle-t-il toujours l’intimité de ceux qui y vivent ? Un peu à la manière d’un roman balzacien, nous avons voulu nous abreuver du décor pour mieux comprendre le personnage…
Hubert de Malherbe, ouvert et curieux
Contant par le menu la façon dont il a trouvé cet appartement sur les quais, en bord de Seine (celui d’un vieil ami disparu, le fameux galeriste parisien Yves Gastou), Hubert passe d’un objet à l’autre, s’en saisit, le décrit, avoue une sensibilité toute particulière vis-à-vis des couleurs. Synesthète, pour lui chaque couleur correspond à une lettre de l’alphabet… si bien que les objets racontent vraiment des histoires ! Il s’arrête sur les jeux de lumière d’un vase en verre soufflé qui passe du bleu au rouge lorsqu’on l’oriente devant une fenêtre, se rappelle des circonstances d’une acquisition aux Puces, explique comment il a transformé un buffet en curiosité vintage ou fabriqué une lampe à partir de couteaux en cristal.
De fil en aiguille, chaque objet l’amène à raconter une anecdote, une rencontre, à se remémorer quelques-unes des figures tutélaires de sa famille, comme ses grands-parents… Issu d’une famille d’aristos bohèmes, Hubert revendique le goût du beau mais on comprend vite que cela n’a rien à voir avec la valeur pécuniaire des choses. Oui, les objets ont une âme, nous dit-il. Tous, du plus modeste au plus précieux, du plus insignifiant au plus majestueux, portent une histoire. Mais tout cela n’a pas beaucoup d’importance. Il ne faut pas trop s’attacher aux choses matérielles ni aux lieux. Pour rester en alerte.
Hubert de Malherbe a monté son agence il y a vingt ans et aujourd’hui c’est une véritable ruche qui compte environ 140 collaborateurs entre Paris, Shanghai, Hong Kong et bientôt New York. Les chantiers qu’elle gère (400 000 m2 par an) se trouvent partout en Europe, beaucoup en Chine, mais aussi en Inde et en Afrique. Le dernier en France ? Les espaces beauté de la Samaritaine, qui ne devrait plus tarder à ouvrir ses portes…
> Appart en aparté chez Hubert de Malherbe, un podcast IDEAT Editions, produit par Vanessa Chenaie, Jean-Christophe Camuset et Julien Moro. Avril 2021.
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