Il s’est presque excusé, Pierre-Louis Faloci, en recevant le 19 octobre dernier, des mains de Franck Riester, ministre de la Culture fraîchement nommé, le Grand Prix national de l’architecture 2018. Serrant la précieuse récompense sculptée par Daniel Buren, il rappelle qu’il arpente aujourd’hui moins les chantiers que les salles de classe de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville où il a fondé, en 1998, l’atelier « Architecture et paysage contemporain ».
Ce trophée, le plus prestigieux en France dans cette discipline, distingue depuis 1975 un architecte pour l’ensemble de son parcours. Et celui de Pierre-Louis Faloci est éloquent : de l’église Notre-Dame-de-la-Sagesse, dans le quartier de Paris Rive Gauche, dans le XIIIe arrondissement, labellisée « Architecture contemporaine remarquable », à la transformation du musée Rodin ou la réhabilitation, en 2016, de l’ancienne Halle aux sucres de Dunkerque.
Vingt ans plus tôt, Pierre-Louis Faloci remportait l’Équerre d’argent pour la construction du Centre archéologique européen de Bibracte, en Saône-et-Loire. Une œuvre publique d’envergure, au cœur d’un site naturel et historique d’exception, qui constitua un tournant dans sa carrière. Reconnu dès lors pour sa capacité à respecter la dimension mémorielle des lieux tout autant que leur environnement, une démarche qu’il qualifie de « nouvelle façon de se mettre en intelligence avec eux », Faloci voit son carnet de commandes s’étoffer : le Centre européen du résistant déporté, en Alsace, le Centre d’histoire guerre et paix, près de Lens…
Des créations saluées par le ministre de la Culture comme « la preuve que les enjeux architecturaux, urbains, paysagers et culturels sont indissociables ». À bientôt 70 ans, le Niçois, inspiré à la fois par l’image-mouvement du philosophe Gilles Deleuze et par La Jetée (1962) du cinéaste Chris Marker, poursuit son ambition de faire fusionner le physique, l’optique et le paysage mental. À vérifier en septembre prochain en Corse, avec l’inauguration du futur musée archéologique, sur le site de la ville antique de Mariana, près de Bastia.