Où avez-vous passé le confinement et qu’avez-vous fait durant cette période ?
Piero Lissoni : C’était une période difficile… Nous avons commencé dès février à tester des solutions de télétravail. Nous étions prêts, cela n’a donc pas été un problème de fermer notre studio dès le 3 mars car Milan était devenue une ville dangereuse. Nous avons continué à travailler intensément jusqu’à aujourd’hui. Quand je suis à la maison, je me mets au travail tôt et la journée se prolonge généralement jusqu’à 22 ou 23 heures. Ma femme a bien essayé de me sortir de cette posture de « workaholisme », mais sans succès…
Qu’est-ce ce qui vous a le plus manqué durant ces deux mois ?
Les plaisirs simples de la vie : se balader dans les rues, acheter des fleurs au marché, prendre un café en terrasse et prendre une demi-heure à rêvasser en regardant les gens passer… Des choses qui nous semblaient banales avant cette crise et dont on a réalisé l’importance dans nos vies. Dans mon travail, c’est ma bibliothèque au studio. Les livres sont magnifiques et c’est une pièce spacieuse, d’un grand calme, hors du temps…
L’édition 2020 du Salone del mobile a finalement été annulée, j’imagine que c’est une déception pour vous…
En effet, nous étions prêts à dévoiler une vaste collection pour Living Divani, une autre pour Knoll, B&B Italia, des lampes et du mobilier outdoor chez Kartell, une nouvelle cuisine pour Boffi… La plupart de ces projets ont été repoussés au printemps 2021…
Vous allez néanmoins dévoiler une collection pour Porro, dont vous êtes le directeur artistique…
Au mois d’avril 2019, j’ai pris quelques jours de repos après le Salone del Mobile et j’ai directement replongé dans le travail. Mon idée était de complètement redessiner la gamme de rangements Porro. Nous avons essayer de nouvelles finitions comme le cerisier et différentes sortes de métal. Nous avons aussi travaillé à l’intégration de plus en plus poussée de l’éclairage. En faisant passer l’électricité à l’intérieur de tubes, on peut alimenter des LEDs très discrètes dans tous les tiroirs, sans qu’aucun élément technique ne soit apparent. J’ai redessiné un grand nombre de pièces dans cette optique. Toute la gamme, qui sera présenté cet automne, intègre cette technologie : dès qu’on ouvre une porte ou un tiroir, une lumière l’illumine. J’appelle ça de la « créativité technologique ».
La transparence est centrale dans le nouveau dressing que vous présentez en avant-première…
Avec les modèles Ex-Libris et Air, j’avais déjà commencé à explorer cette transparence, qui est vraiment nouvelle dans l’univers du dressing. Aujourd’hui, il est possible de créer des univers de rangement ouverts, à mi-chemin entre l’univers domestique et la boutique. Cela permet de s’inscrire dans une perspective architecturale, de supprimer des cloisons dans un intérieur.