Créé en 2018 par deux amis de longue date, Justin Donnelly et Monling Lee, le studio Jumbo est à cheval entre deux villes : New York pour lui et Washington pour elle. « Notre studio pense que la seule façon d’être plus durable est de produire un design qui inspire l’affection, des objets physiques avec lesquels nous partageons un rapport émotionnel. Nous ne sommes pas intéressés par le cool » : une posture atypique pour ce tandem qui revendique le design « affectif » comme marque de fabrique !
Une collaboration inédite
En cette fin d’année, ils dévoilent leur première collaboration avec Petite Friture, concrétisation d’une longue maturation. « La lampe Neotenic est née d’un désir de produire de l’art fonctionnel, différent des meubles typiques que l’on peut voir dans les galeries ou les foires. Nous voulions créer des pièces sculpturales qui deviennent des personnages dans votre maison ou votre bureau. Nous avons été influencés à la fois par Isamu Noguchi et par le design radical italien. De fait, notre studio est qualifié de maximaliste. Mais nous considérons Neotenic comme faisant partie de la tendance moderne du minimalisme. Nous croyons simplement que nous pratiquons un minimalisme plus gras et plus coloré », résume Justin Donnelly.
Les premiers dessins de la collection « Neotenic », qui comprend différentes pièces, sont réalisés en 2018 à New York. En février 2019, des prototypes sont présentés pour la première fois à la Stockholm Furniture Fair, où Jumbo rencontre Amélie du Passage, fondatrice de Petite Friture. « Nous avons pensé que l’approche fantaisiste du design de Petit Friture convenait parfaitement à notre lampe Neotenic. Et Amélie a accepté ! » Il faudra néanmoins attendre 2022 pour l’édition du luminaire, qui a nécessité trois années de développement.
Une simplicité trompeuse
Le choix du nom Neotenic ne doit rien au hasard. En biologie du développement, le terme définit la persistance des caractéristiques juvéniles d’une espèce à l’âge adulte. « La collection est imprégnée de proportions enfantines. Elle est potelée, comme les bras ou les jambes d’un nourrisson. Il y a une science, derrière ces décisions morphologiques. En 1949, le futur Prix Nobel de médecine et de physiologie Konrad Lorenz émettait l’hypothèse que les caractéristiques juvéniles étaient des “mécanismes de libération innés”, destinés à susciter l’attention et l’affection de l’observateur », poursuit Justin Donnelly. Un postulat dans lequel Jumbo a puisé son inspiration pour dessiner et concevoir un luminaire qui convoque l’esthétique rassurante de l’enfance.
Composée d’un corps en céramique, cette lampe est d’une simplicité trompeuse, sa fabrication exigeant une grande technicité. La première des difficultés fut de conserver ses rondeurs parfaites, qui tendent à se déformer naturellement au cours du façonnage. La réalisation du plus grand format, en particulier, a impliqué l’utilisation d’un moule composé de pas moins de six parties. « C’est à la fois un métier et un art que de produire des pièces en céramique de cette qualité et de cette finition. C’est pour cette raison que nous avons travaillé avec un céramiste spécialisé au Portugal, qui possède une expérience sur plusieurs générations. »
Une finition minutieuse, à la main, de la céramique fut également nécessaire avant la cuisson pour lisser parfaitement le corps avant le séchage et l’application d’une peinture (effet brillant et lisse ou mat et poudré) d’un seul et unique geste. « Pour compliquer encore les choses, la lampe est en déséquilibre, ce qui nécessite de recourir à des contrepoids dissimulés dans le “ventre” et le “pied” pour l’empêcher de tomber. Même le passage du câblage est rendu difficile une fois que le poids du ventre est en place. » L’éclairage est assuré par un globe en verre opalin soufflé à la bouche, doux au toucher, diffusant une lumière homogène.
Chaque modèle est livré avec un module LED intégré, spécialement conçu pour cette collection. La lampe à poser Neotenic de Jumbo et Petite Friture est disponible en deux tailles (26 ou 51 cm de hauteur) et en trois couleurs, vermillon, griotte et vanille, invoquant elles aussi nos souvenirs d’enfance.