Ils tutoyaient jusque-là les cimes des toits parisiens : les bars en rooftop les plus en vue de Paris redescendent sur terre pour leur nouvelle adresse. Après y avoir pris la forme d’une guinguette XL l’été dernier, le Perchoir Y se dévoile sous un nouveau jour, celui d’un grand restaurant sur l’eau imaginé par Fanny Perrier dans le parc de Chalais-Meudon, là où renaît le Hangar Y.
La renaissance du Hangar Y
Entrepôt à dirigeables à la fin des années 1880, cet immense espace couvert imaginé par l’architecte Henri de Dion s’établit en lisière de la forêt de Meudon. Modèle de l’architecture industrielle de la fin du XIXe siècle, le Hangar Y en a conservé sa grandeur mais sa vocation a changé : depuis le début d’année, sous l’impulsion de Didier Gouband et de l’entrepreneur et grand mécène de la culture, Frédéric Jousset, l’adresse s’est muée en lieu culturel.
En sommeil depuis 40 ans, classé Monument Historique en 2002, le lieu devient polymorphe, à la confluence de cultures et de courants artistiques pluriels qui en font sa force. Si de nombreuses expositions et ateliers se tiennent sous son toit, un parcours jalonné d’œuvres d’art contemporain s’étalent autour du lac voisin. Pas moins d’une demie-journée est nécessaire à la découverte de ce nouveau lieu culturel passionnant. Alors, pourquoi ne pas prolonger votre séjour à Meudon en profitant d’une pause à la table du tout nouveau restaurant du groupe Perchoir ?
« Les points communs que nous entretenons avec Le Perchoir sont nombreux. C’est un groupe qui a toujours su challenger les idées reçues et en particulier celles concernant la restauration. Par ailleurs, cette approche de la fête bienveillante qu’il cultive, visant à accompagner les populations, jamais sectaire, inclusive toujours, rejoint notre ambition première : le Hangar Y est une destination pour tous. » – Didier Gouband, Directeur Général du Hangar Y
Le Perchoir Y, une maison où l’on se sent bien
A côté du bâtiment réassemblé à partir des parties principales de la galerie des machines érigée par Henri de Dion en 1878 pour l’Exposition Universelle, se dresse une structure flambant neuve. Imaginée par le cabinet Urban Act, elle s’ouvre sur le bassin du Chalais. « Ce lac est comme un miroir à ciel ouvert au milieu de cette foret », contemple Fanny Perrier, co-fondatrice du Studio Perrier, en charge de l’architecture intérieure du restaurant.
L’étendue d’eau a donné au bâtiment sa raison d’être. Fanny Perrier explique : « Cette sublime terrasse, comme en lévitation sur l’eau, juste posée sans garde-corps, m’a évoqué les maisons bateaux-ponton, celles de l’époque des impressionnistes.» Le Perchoir Y s’articule donc comme une véritable maison de campagne, autour de tables d’hôtes, de guéridons style bistrots des années 30 avec plateau de marbre et pieds en fonte, et de petits coins plus intimistes. Quatre-vingt couverts dedans, pas moins de 180 en terrasse : chacun y trouvera son compte.
Les salons en enfilade aux airs de club anglais et les fauteuils en lin inspirés du château du Joncet d’Hubert de Givenchy ponctuent décor feutré habillés de camaïeux ambrés où les velours or répondent aux buffets de bois massifs brun.
Une arche en pierre calcaire dans l’esprit Louis XIII abrite la cuisine où officie Guillaume Sanchez, tapissée de zelliges terracotta. « Une vraie fierté pour moi, explique l’architecte d’intérieur, j’ai fait énormément de recherche sur les châteaux et j’ai découvert la grandeur des cheminées d’époque qui servaient à cuire mais aussi à chauffer les pièces. On a recréé dans cet esprit cette arche pour y glisser la cuisine dedans. Tout ce qui s’y cuisine se montre !»
La patte de Fanny Perrier
Pour se sentir comme à la maison, on le sait, la lumière est primordiale. Si les éclairages techniques sont indispensables, Fanny Perrier a orchestré une partition de sources indirectes et chaleureuses. « Nous avons joué sur le mélange des styles pour s’éloigner d’un total-look trop commercial : des grandes cloches en plâtre qui viennent de la décoratrice anglaise Rose Uniacke dont j’adore l’univers chic et intemporel ; les poteries chinoises vernissées de The Corner Studio customisées avec des abat-jours afin de les transformer en lampes ; des appliques coquillages qui rappellent les bords de mer du nord, style Grotto, qui revient très à la mode…»
A la façon du décor qu’elle avait créé pour sa précédente réalisation, le Perchoir Porte de Versailles, Fanny Perrier a avant-tout pensé cette nouvelle adresse comme un lieu intemporel. « Ma patte raconte une histoire dans une enveloppe vide, sans être à la recherche d’une mode en particulier.»
C’est peut-être pourquoi la designeuse s’est rapprochée de l’Atelier Chapo, toujours opéré par le fils du maître du mobilier en bois, afin de créer une chaise signature pour le Perchoir Y. « Nous avons eu la chance de pouvoir customiser un modèle iconique de Pierre Chapo, la S11, avec une assise en cuir clair.» Cette chaise, brutaliste et confortable, tranche avec le décor douillet du restaurant.
Guillaume Sanchez en cuisine
«À lieu hors du commun, chef atypique », s’amuse Adrien Boissaye, fondateur du Groupe Le Perchoir. Enfant terrible de la gastronomie française, présenté dans Top Chef et depuis auréolé d’une étoile pour son restaurant NESO, Guillaume Sanchez s’éloigne du tumulte parisien et signe pour le Perchoir Y une carte de haute brasserie.
L’ADN du chef est pourtant bien là : acidité, amertume et lacto-fermentation forment un équilibre et se déploient afin d’accompagner l’assiette au-delà de l’esthétique. Un exercice qui se traduit par une carte inspirée de la Normandie et de ses brasseries de bord de mer, saisonnière, qui en propose une réinterprétation originale.
> Restaurant le Perchoir Y. 9 Av. de Trivaux, 92190 Meudon. Réservations.