Perché sur le toit d’un petit hôtel particulier, cet appartement jouit d’une situation idyllique d’autant plus précieuse qu’on le devine à peine depuis la rue. Tel un bijou caché en retrait de la façade, il profite d’une terrasse d’où l’on croirait toucher du doigt le Panthéon. Aménagé dans une surélévation des années 70, ce duplex de 100 m2 en avait d’ailleurs conservé l’agencement et la décoration vieillotte avant l’intervention de Nancy Geernaert.
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Des femmes au Panthéon
« Tout était sombre, lourd et chargé, avec un papier peint à grosses fleurs, une rampe d’escalier de château fort et des cloisons qui privaient le salon de la lumière venant du sud », énumère l’architecte d’intérieur dont le studio franco-belge Just’in Design livre chaque projet clés en main, de la réorganisation des espaces au choix du mobilier, jusqu’au moindre accessoire.
« Dans ce projet, le petit supplément d’âme vient aussi de la collection de photos de la locataire qui fonctionne parfaitement ici », reconnaît celle qui, épaulée de sa coéquipière, Juliana Frenkiel, s’est chargée de dépoussiérer entièrement ce canevas « dans son jus depuis cinquante ans ».
Missionnées l’an dernier par la propriétaire, qui souhaitait mettre l’appartement en location avant d’y emménager elle-même à terme, les deux femmes ont obtenu carte blanche pour procéder à sa métamorphose. « La bonne idée fut de déménager la salle de bains sur la mezzanine », se félicite encore Nancy Geernaert.
Réalisée après vérification de la structure par un ingénieur, l’opération a permis de décloisonner le niveau du bas pour le rendre traversant. Désormais ouverte sur le séjour (dont le plafond cathédral culmine à cinq mètres), la cuisine dessinée sur mesure se compose de caissons IKEA habillés de panneaux Plum Living à effet cannelé et d’un plan de travail enduit de béton ciré Marius Aurenti.
« Au milieu de grandes colonnes de rangement, une porte donne accès à une petite buanderie que l’on ne devine pas », s’amuse l’architecte dont le projet est truffé de menus détails qui font la différence. Par exemple, cette fine bande de carrelage qui lèche le parquet à chevrons devant le linéaire et s’aligne sur un muret qui vient refermer l’espace.
À l’étage du dessus, les deux professionnelles réinventent également les volumes en créant un petit palier derrière lequel elles aménagent un large dressing ainsi qu’une salle de bains (avec douche et baignoire) attenante à la chambre.
Si l’escalier d’origine est conservé, sa silhouette ornementale (fraîchement repeinte en blanc) s’accompagne désormais d’une rampe gracile réalisée par un ferronnier. Enfin, l’épaisse rambarde en bois qui sécurisait la mezzanine est remplacée par une verrière filant de la chambre à la salle d’eau.
Cosmopolite et si parisien
Pour la décoration et l’ameublement, Nancy Geernaert a volontairement fait preuve d’une certaine retenue: « J’ai souhaité une base assez sobre dans les mêmes teintes que l’environnement extérieur. Avec juste quelques touches de couleur pour que le regard soit avant tout attiré par la vue extérieure. »
À rebours de l’ancienne ambiance surchargée, l’architecte opte pour l’épure avec une peinture beige qui fait écho aux murs du Panthéon. Cette palette neutre est également appliquée au mobilier, comme les banquettes ou les canapés, mais aussi aux rideaux et au carrelage de la salle de bains.
Elle poursuit: « On cherchait une atmosphère parisienne un peu chic, un peu libre. Mais parce qu’on avait imaginé que l’appartement serait loué à des hommes d’affaires étrangers, on voulait que cela reste lisible par tout le monde. »
En définitive, ce ne sont pas des businessmen mais une amie de l’architecte d’intérieur qui aura la chance d’y emménager au terme des six mois de chantier. « Après un coup de cœur en m’accompagnant lors d’une visite, elle a négocié un bail avec la propriétaire et s’est installée dans la foulée », révèle l’architecte d’intérieur.
N’ayant plus qu’à poser ses valises dans ce décor de rêve, l’heureuse locataire a simplement apporté quelques vases et accroché sa collection de photographies. Tout le reste était déjà parfait.
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