Les tapis chez Moroso ont souvent un air vintage, est-ce l’influence de votre goût personnel ?
Patrizia Moroso : J’en voulais pour notre première présentation de sofas avec Diesel. J’ai vu des tapis à Paris. Ils étaient déteints, délavés, façon vintage : parfaits. C’était chez Silvera. Ils m’ont donné le nom de l’éditeur : Glover. Une semaine plus tard, je découvre sur Internet que c’est un label italien ! Dans leur entrepôt milanais, je révèle un reste de tapis invendus, reteints avec les motifs d’origine réapparaissant comme des fantômes. J’en ai commandé une vingtaine pour notre stand. Nous étions les premiers au monde à en faire ! Deux ans après, on en voyait jusqu’à New York. Chez Golran, qui réalise pour nous plusieurs modèles, j’ai appris qu’en Anatolie, on ne récupère plus les anciens tapis. Dommage, car ce serait stupide de devoir, à la place, faire de faux vieux tapis. Nous les avons beaucoup photographiés. On suggérait fortement aux acheteurs de nos sofas de les associer avec leur nouvelle acquisition. En tout cas, aujourd’hui, s’intéresser aux tapis des jeunes designers vaut la peine.
Quels sont les succès commerciaux de Moroso côté contract ?
En ce moment, nous vendons très bien le fauteuil Take a Line for a Walk d’Alfredo Häberli qui date de 2000. La chaise Mathilda de Patricia Urquiola se vend elle aussi par milliers de pièces, tout comme son sofa Fjord qui demeure l’une de nos icônes. La collection « Victoria & Albert » de Ron Arad était numéro 1 il y a encore quatre ans. Folle ou sculpturale, en tout cas, elle plaît. Au fond, s’asseoir sur un bel objet, est-ce complètement déconnecté de l’art ? Je crois beaucoup au sofa Modernista de Doshi Levien pour les années à venir. Il est très apprécié par les prescripteurs du contract qui l’ont vu, et bien qu’il ne soit pas encore sur le marché, nous avons déjà beaucoup de demandes.
Quels sont les pays les plus amateurs de Moroso ?
En dehors de l’Italie, les États-Unis sont probablement notre premier marché. Ensuite il y a la France avant l’Allemagne, la Belgique, des Pays-Bas et le Royaume-Uni. Beaucoup de projets d’ameublement viennent d’Angleterre, même si leur destination finale, c’est ailleurs. Depuis Londres, beaucoup de studios d’architecture ou de décoration commandent du mobilier contemporain. C’est de là que les architectes des bureaux d’Amazon ou de Google dans le monde vont prescrire du mobilier de Moroso pour tous les bureaux de ces groupes. L’ambiance se veut plutôt celle de la réunion détendue. Et nous faisons beaucoup de choses dans cette direction-là.
Au fait, Patrizia Moroso est-elle optimiste ?
(Rires) Bien sûr. C’est terrible mais je suis toujours optimiste. (Elle rit encore.) C’est plutôt une chance mais je dois aussi me battre pour garder mon sens de l’optimisme. Je vois toujours le côté positif des choses. Même brisée, je vois plutôt le verre à moitié plein qu’à moitié vide. Tout le monde n’est pas comme cela autour de moi. Il y a bien sûr eu des périodes de crise dans notre secteur. Mais j’ai toujours dit : « L’année prochaine sera fantastique. » 2018 va l’être !