Après deux ans de chantier, la Fondation Hartung-Bergman ouvre enfin ses portes à Antibes. Visite guidée.
La création d’un univers à part
Née en Suède en 1909, mais de nationalité norvégienne, Anna-Eva Bergman est décédée en 1987 à Grasse (Alpes-Maritimes). Hans Hartung, de cinq ans son aîné, la suivra en 1989. Ensemble, ils ont mené une vie rocambolesque traversée par la pauvreté, la guerre, les divorces, les maladies, le succès…
Mais en dépit des aléas tragiques, ils ont marqué de leur empreinte l’art du XXe siècle. Lorsqu’ils emménagent dans cette villa située sur les hauteurs d’Antibes, en 1973, ils poursuivent un rêve commencé à Minorque en 1933, dans une maison en forme de cube blanc en haut d’une dune. Accusé d’espionnage pour le compte de l’Allemagne, expulsé sur ordre de Franco – alors gouverneur des îles Baléares –, le couple s’enfuit. Une quarantaine d’années plus tard, revanche sur le destin : ce n’est pas un, mais une multitude de volumes cubiques qui se dressent dans ce paysage paradisiaque perché.
Dire que ceux-ci n’évoquent pas l’architecture élémentaire de Marcel Breuer ou de Le Corbusier serait mentir, toutefois Anna-Eva Bergman et Hans Hartung ont créé là un environnement à leur mesure, « de pure beauté, mais pas molletonné », comme le décrit Thomas Schlesser, le dynamique directeur de la fondation. Deux espaces bien distincts se déploient au cœur de cette nature préservée. En haut, les pièces à vivre conçues autour d’un grand patio et d’une piscine, en bas, les ateliers baignés de lumière grâce à de larges baies vitrées avec vue sur le champ d’oliviers.
Un lieu propice à l’inspiration
À l’est, celui d’Anna-Eva Bergman traduit bien la solitude exigée pour composer ces toiles inspirées par les paysages de son pays natal, par la philosophie ou les mathématiques et patiemment réalisées avec des feuilles de métal coupées en petits carrés. À l’ouest, celui de Hans Hartung, aux murs maculés d’éclaboussures, laisse deviner l’effervescence qui régnait autour du maître, installé dans son fauteuil roulant (il a perdu une jambe au combat en 1944) maniant d’immenses pinceaux-balais puis des sulfateuses de jardin sur un air de Bach. Une exposition inaugurale, « Les Archives de la création », met en avant leur processus créatif.
> « Anna-Eva Bergman et Hans Hartung. Les Archives de la création ». À la Fondation Hartung-Bergman, 173, chemin du Valbosquet, 06600 Antibes, jusqu’au 30 septembre. Tél. : 04 93 33 45 92. Fondationhartungbergman.fr